C’est en son château de Signéville que le vicomte, homme aux multiples passions, acheva en 1863 l’écriture du manuscrit où apparut pour la première fois ce mot universellement connu.
La conquête de l’air n’était pas la passion première de Gustave-Louis-Marie de Ponton d’Amécourt. L’homme était plutôt spécialiste de numismatique, c’est-à-dire de l’histoire des monnaies. Mais cette période exceptionnelle qu’était la deuxième moitié du XIXe siècle était décidément celle où des citoyens de toutes origines, de toutes conditions étaient avides de connaissances, et des plus diverses. Alors le vicomte Gustave de Ponton d’Amécourt, né en 1825 à Paris, se piqua de s’intéresser à « la conquête de l’air par l’hélice : exposé d’un nouveau système d’aviation ». Alors, on ne parlait pas encore d’aéroplane. Le seul moyen de s’élever dans les airs, c’était la montgolfière.
Propriétaire du château de Signéville, près d’Andelot, fief de la famille de son épouse (les Dumont de Signéville), l’aristocrate, qui était proche de Victor Hugo, de Jules Verne, a imaginé un système d’engin doté d’« ailes en hélices ». C’est ainsi que dès le 3 avril 1861, nous dit la presse de l’époque, il a déposé un brevet pour un « aéronef » sur lequel il travaillait depuis huit ans. C’est ainsi qu’il a forgé le mot hélicoptère, apparu pour la première fois le 24 septembre 1863, au moment d’achever en Haute-Marne la rédaction de son livre.
Pour prouver ses théories, le châtelain haut-marnais a d’ailleurs fait réaliser, par un horloger, un appareil en modèle réduit. L’illustre photographe Nadar lui-même fut enthousiasmé par l’invention, et l’immortalisa.
Reste qu’il faudra attendre quatre décennies – en 1907 – pour qu’un premier hélicoptère s’élève à 30 cm du sol. Et c’est encore un Français – René Cornu – qui fut à l’origine de cette avancée.
Lionel Fontaine – Le Journal de la Haute-Marne
Figure : Les illustrateurs de l’époque s’enthousiasment de l’invention du Haut-Marnais. (Dessin paru dans La Presse illustrée).