Production mondiale en baisse, surface des vignobles en recul, maladies de la vigne en hausse, consommation au beau fixe. Les chiffres croisés de la conjoncture font apparaître les paradoxes à l’oeuvre, et dessinent, en creux, des lignes structurelles. En l’espèce, le climat particulier de cette campagne, n’a pas seulement contribué à une petite récolte, il révèle aussi les failles de la pérennité, des souches et des surfaces cultivées, pouvant conduire à une sorte de retournement du globe. Viendra peut-être le jour où les grands pays producteurs seront du côté sud de l’hémisphère. Symptomatique de ce renversement, Serge Renaud, le père du « french paradoxe » est mort. Il n’est pas anodin que ses travaux se déclinent en langue anglaise. Les Etats-Unis et à leur suite de nombreux pays lui prêtèrent une oreille plus attentive que les Français.
Petite, la récolte le sera sur toute la planète. « Météo, maladies… Les éléments semblent s’être donné le mot pour, presque partout sur la planète, amener de petits volumes de récolte en cette année 2012 », constate César Compadre dans Terre de Vins. L’Europe n’est pas le seul continent concerné par les petits rendements : « Dans l’hémisphère Sud, où la récolte a eu lieu ce printemps, l’Argentine est à -22% par rapport à la moyenne des trois années précédentes, avec moins de 11,4 millions d’hl. Mêmes chiffres bas en Australie avec -11% au compteur (10 millions d’hl dans les cuves). Chez le voisin de Nouvelle-Zélande, le curseur est à -9% (moins de 2 millions d’hl récoltés) », relève le journaliste. Vitisphere publie le détail mondial de cette petite récolte dont les chiffres ont été rendus publics par Federico Castelucci, Directeur Général de l’OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin). A la rubrique économie, Le Monde pointe également la baisse de la production en Europe qui atteint 9%, « ce qui entraîne la production mondiale de vin en 2012 à des plus bas historiques, 248,2 millions d’hectolitres, en retrait de 6 % ». Conséquence de « cette plus petite récolte depuis au moins 37 ans », le quotidien britannique The Telegraph pronostique « une pénurie de vin », et « une hausse des prix, la demande excédant l’offre ».