Non contente d’avoir fait de l’élève l’égal du maître, la loi Jospin de 1989 a fait des parents d’élèves l’égal de leurs enfants. En les reconnaissant comme simples « membres de la communauté éducative » (article 11 de la loi), cette loi les a mis en réalité au même niveau que les enseignants, les chefs d’établissements, les autres personnels des établissements scolaires et même les élèves, alors qu’ils sont en réalité les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. Dans les conseils de la vie lycéenne par exemple, créés par Ségolène Royal en 1998, les parents d’élèves sont au nombre de deux alors que les lycéens sont 10. Ce déséquilibre n’est pas sérieux.
En proposant d’abroger cette disposition de la loi de 1989, Nicolas Sarkozy n’a évidemment pas voulu nier que les parents d’élèves faisaient partie de la communauté éducative. Il a au contraire voulu dire qu’ils étaient plus que cela et que leurs droits devaient être renforcés, comme le prévoit d’ailleurs depuis six mois le projet de l’UMP.
Parents d’élèves et Education nationale
En réalité, derrière l’apparente bienveillance de la loi de 1989, se cachent deux réalités :
- d’une part, c’est un fait que, pendant longtemps, l’école publique a tout fait pour maintenir les parents à la porte des établissements. C’est l’héritage de l’école de la troisième République où l’on voulait soustraire les enfants de la tentation des parents de les envoyer aux champs ou à l’usine plus rapidement. Aujourd’hui, malgré les incontestables progrès accomplis, beaucoup de parents se plaignent encore de ne pas pouvoir rencontrer rapidement les enseignants de leurs enfants et les chefs d’établissement, d’être informés trop tardivement des absences de leurs enfants ou de leurs difficultés scolaires, de ne pas connaître les performances de l’établissement ;
- d’autre part, il existe une crise de la représentation des parents d’élèves au sein des établissements publics. Le taux de participation aux élections des représentants de parents d’élève est notoirement faible, ce qui s’explique notamment par le fait que les associations de parents d’élèves pèsent de peu de poids dans les instances de décision et de consultation des établissements.
Rendre l’école aux familles
Le projet de Nicolas Sarkozy est de rapprocher les familles de l’école de leurs enfants car l’école est un instrument capital de l’avenir de chaque enfant et il est donc normal que les parents y aient des droits.
Concrètement, il s’agit de :
- reconnaître des droits propres aux parents d’élèves (pas seulement des droits au travers des associations de parents d’élèves) : droit d’être reçus dans les meilleurs délais par les enseignants et le chef d’établissement en cas de demande, droit d’être informés immédiatement de l’absence de son enfant, droit d’être informés au plus vite de son décrochage scolaire, droit de connaître régulièrement les performances de son enfant et sa place dans la classe, droit de connaître les performances de l’établissement. La suppression de la carte scolaire et le droit de choisir l’école de ses enfants sont les compléments ultimes et naturels de ces droits propres ;
- reconnaître aussi des devoirs aux parents d’élèves : devoir de signer le règlement intérieur des établissements, devoir de répondre aux convocations de l’équipe enseignante, devoir de prévenir quand son enfant est malade, devoir d’assumer sa mission éducative, devoir de respecter les enseignants ;
- renforcer le rôle des associations de parents d’élèves dans les instances de gestion des établissements, en particulier s’agissant de l’organisation de la vie scolaire.