Discours prononcé lors de la cérémonie d’inauguration.
Chers compagnons, chers collègues, chers amis,
Nous voici réuni une nouvelle fois pour fêter le vin de notre région. Puisque nous fêtons nos vins, parlons donc un peu de la situation du vin.
Après une année 2006 très éprouvante, cette année 2007 est ambiguë. C’est l’année de l’espoir au niveau des marchés, mais c’est une année comme nous n’en avions pas connu depuis longtemps au niveau de la vigne…
2007 c’est l’année de l’espoir…au niveau des marchés, car il nous semble que nous sommes plus près de la sortie du tunnel que de l’entrée.
- Une hirondelle ne fait pas le printemps, et le ballet des camions citerne qui a repris depuis quelques mois, ne fait pas l’embellie…Mais tout de même, les semaines se succèdent avec des volumes conséquent de contrats d’achat, et les prix même s’ils restent bas, toujours en dessous de la barre de 1000 €, s’en rapprochent tout de même.
- Une hirondelle ne fait pas le printemps mais depuis 6 mois les prix montent…Bien sûr les prix montent toujours moins vite qu’ils ne descendent…C’est comme les coureurs du tour de France. Et puis pour faire monter les prix on n’a pas de produit de dopage ! Mais quand les prix montent les vendeurs ont tendance à attendre avant de vendre et les acheteurs on tendance à être plus pressés pour acheter… et ça c’est quand même plus agréable à vivre que le cas contraire.
- Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais nos stocks que nous avions réussi à stabiliser l’année dernière après 6 années de hausse continuelle, nos stocks, cette année, diminue et nous vendangerons avec moins de vins dans les chais que l’année dernière avant vendange…
- Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais l’arrachage de 3000 ha environ, la distillation, la réduction des rendements, l’augmentation des ventes de Rosés, ont permis de réduire la production de vins rouge et de revenir à la production de volumes que nous sommes capables de vendre. Ces mesures collectives, nous les avons prises ensemble et nous les avons financées ensemble en créant notre propre impôt.
- Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais la viticulture bordelaise a su montrer sa solidarité, qui depuis longtemps n’était plus de mise. Dans ce processus le canton de Sauveterre a donné toute sa mesure puisque désormais, nombre des responsables de la filière son issu de notre territoire. Ils connaissent nos problèmes puisqu’ils sont des notre ! Je saluts le Président du syndicat des Bordeaux Bernard Farges pour sa disponibilité à notre cause et pour son efficacité dans la défense de nos dossiers. Aujourd’hui Bordeaux parle d’une seule voix et on écoute plus les viticulteurs de la base.
2007 c’est une année comme nous n’en avions pas connu depuis longtemps au niveau de la vigne… 2007… c’est une année en « 7 » et les anciens savent bien que -à part 1947- les années en « 7 » ne portent pas chance…1997, 1987,1977, …
- Le Mildiou qui mange la récolte,
- le Botrytis menaçant,
- le black-rot qui met la pression,
- l’herbe qui pousse plus vite et plus haut que la vigne,
- la grêle qui fait de nouveaux dégâts…
- et du jamais vu : une rupture de stock sur les bouteilles !!! Aujourd’hui, ce n’est pas le tout de vendre son vin…encore faut-il trouver des bouteilles pour l’y mettre !
Ajoutons à cela l’INAO qui remet sur le tapis le sujet des Vignes Hautes et Larges… et c’est le pompon ! Mais sur ce sujet nous sommes reparti au combat pour convaincre et cette fois, Bordeaux parle d’une seule voix !
Heureusement, coté INAO il y a quand même une bonne nouvelle : l’évolution –enfin- de la procédure d’agrément ! Fini l’agrément couperet, et parfois l’agrément guillotine, place à l’agrément des propriétés. Fini l’agrément des lots moyens, place à la responsabilité individuelle, à la certification de nos exploitations !
- Ce dont nous avons besoin désormais c’est de décentralisation de la décision, nous devons nous battre pour défendre le droit des producteurs à disposer d’eux même !
- Ce dont nous avons besoin c’est d’un accès équitable aux marchés internationaux : chaque pays producteur de vin doit avoir les même droit d’entrée sur les marchés : la Corée, la Chine, le Japon, l’Inde…
- Ce dont nous avons besoin, c’est d’une simplification de nos administrations de tutelle…400 organismes.
- Ce dont nous avons besoin, enfin, c’est d’une communication responsable sur la consommation modérée et régulière de vin. Et que l’on cesse de faire croire que la filière viticole prône l’alcoolisme !
L’année dernière, la municipalité de Sauveterre a remis le vin au cœur de la fête, les stands des viticulteurs, sont au cœur de notre bastide. Cette fête à l’image de notre culture qui prône la convivialité, la gastronomie, les discussions et dégustations entre amis, … Voilà la communication que nous souhaitons pour notre production.
- Je formule le vœu qu’en 2007, le mois d’août soit clément et que la vendange soit saine !
- Je formule le vœux que 2008 soit l’année de la concrétisation de tous nos espoirs : une année avec moins de Dailly, moins de Warrants, moins de rééchelonnement de la dette, moins de dossiers AGRIDIF, et qu’enfin nous puissions renouer avec des prix décents et rémunérateurs…
Est-il besoin de signaler, que les artisans et les commerçants de notre Bastide attendent eux aussi, avec impatience, que les prix du vin redeviennent rémunérateur.
Monsieur le Maire, Monsieur le Président du Comité des Fêtes, ces 3 jours passés ensemble à la rencontre des consommateurs, sont pour nous, viticulteurs, une source incroyable de bien être. Car sur les stands en parlant avec les fans de nos vins, chaque année plus nombreux, nous voyons que nos vins font plaisir, qu’il sont jugés très abordables, et cela nous encourage à poursuivre la voix de la qualité, que nous avons choisi !
Je remercie les élus de Sauveterre et tous les bénévoles du comité des fêtes.
Enfin, et pour finir mon propos, je remercie l’Association des Amis de la Bastide pour l’organisation désormais traditionnelle du concours de Maison et Jardin fleuris. Ce concours donne une motivation de plus aux artistes et aux jardiniers que compte notre bastide pour embellir leur quotidien et le notre !
Vive le vin, vive Bordeaux !
Vive Sauveterre-de-Guyenne et son pays !
Vive la France, Pays du Vin !
Le coup du "balais des camions" je ne l’avais jamais encore lu dans une longue carrière.
S’il y avait un "balais de petits rats" vous ne seriez pas le dernier à enfiler le tutu !!
Sans rancune
Jean