Assemblée Générale du CIVB ce matin.

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J’ai assisté ce matin au début de l’Assemblée Générale du CIVB avant de me rendre à la commission permanente du Conseil Général.

Quelques bonnes nouvelles :

  • le plan bordeaux avance. Son objectif est d’accompagner la reconquête des marchés ; Je crois pour ma part beaucoup et depuis longtemps au développement des Bordeaux Rosé, des Bordeaux Clairets, et du « Claret », vin rouge léger. La progression de ces produits, bien valorisés, sur un segment en progression mondiale permettra de diminuer la production des vins rouges et de raffermir les prix pour l’ensemble de la filière. Sur le segment « fun » il me semble important, aussi, de soutenir la vente des vins blancs secs et des nouveaux emballages.
  • la participation du CIVB au CCTV (Centre Culturel et Touristique du Vin) va permettre de réaffirmer la place de Bordeaux en tant que Capitale Mondiale du Vin, de sa Culture, de son Agriculture… et faire de notre Aquitaine le 1er site mondial pour l’oenotourisme. D’autres auraient préféré que l’on investisse à Shanghai ou à Hong-Kong, le CIVB a choisi, avec la ville de Bordeaux, l’Etat, et la Région Aquitaine d’investir à Bordeaux. Je pense que l’histoire nous donnera raison.
  • la création du « groupe vrac » et de l’outil « Mercure » sont indispensables au bon fonctionnement de la filière et au cœur des missions régaliennes du CIVB. Le marché du vrac par le jeu des vases communicants est l’endroit où se concentrent tous les problèmes de la filière. Et lorsque le prix du vrac chute, il entraîne avec lui tous les marchés.

La situation est difficile, tendue, dramatique. Mais tout cela va dans le bon sens. Il faut le dire à une période où de nombreux commentateurs pointent du doigt les insuffisances de notre filière. Ces progrès redonnent un peu d’espoir.

Mais avant cette assemblée Générale j’ai pris le soin de lire et d’analyser la liasse de la commission « Economie et Etudes » du 6 juillet 2011, et un certain nombre de données chiffrées m’interpelle. J’ai ai fait part, par écrit, au Président du CIVB, Georges Hausalter.

Le cumul des sorties de chai progresse de 8% par rapport à l’année dernière (sur 12 mois glissant) pour s’établir fin avril à 5,3 Mhl. Pour simplifier, on peut dire que cette progression des sorties en volume est tirée par l’augmentation des ventes à l’export (notamment la Chine et Honk-Kong). Le marché français est constant, mais ne chute plus. Tout cela redonne un peu d’espoir, même si nous ne sommes pas au bout de la crise.

Ce qui m’interpelle, c’est l’évolution de l’activité en valeur (chiffre d’affaire).

En effet, sur le marché export nous allons renouer avec les volumes commercialisé en 1996, soit environ 2 millions d’hectolitres. Mais en 1996, ces 2 millions d’hectolitres avait une valeur de 800 millions d’€uros (soit 3€ / 75 cl), tandis qu’aujourd’hui ils ont une valeur de 1 667 millions d’€ (6€60 / 75 cl). En 15 ans, le prix moyen de la bouteille commercialisée à l’export à doublé, quand dans le même temps le chiffre d’affaire à l’hectare de nos viticulteurs de l’AOC Bordeaux a été divisé par deux. Il y a un effet « grand cru », mais cet effet n’explique pas toute cette différence.

Sur le marché Français la différence n’est pas aussi notable, mais depuis 2000 le prix d’une bouteille de vin rouge de Bordeaux vendue en GMS n’a cessé d’augmenter passant de 4 € à environ 4€75. Pour l’AOC Bordeaux rouge, le prix moyen a d’abord chuté jusqu’à 2€75 la bouteille (en 2006), mais depuis 2006 il augmente et se situe en 2010 au prix moyen de 3€10 (+ 8% par rapport à 2000).

Ces augmentations ne sont pas énormes. En France, on peut dire que le prix du vin suit l’évolution du « coût de la vie ». Le problème c’est que la marge a changé de poche… Elle n’est pas chez les viticulteurs dont une grande partie travaille désormais à perte, elle n’est pas chez le négociant, dont l’activité reste très tendue, elle est donc chez les distributeurs.

Pour résumé mon propos, voici 3 observations :

  • en France la valorisation du vin reste basse, 4€52 en moyenne, contre 6€62 à l’export,
  • en France le prix du vin depuis 10 ans a continué d’augmenter tandis que le revenu des viticulteurs était divisé par deux,
  • l’embellie à l’export ne profite pas à la viticulture ;

Aussi, puisque la très récente loi de modernisation agricole nous en donne la possibilité, je pense qu’il serait judicieux :

  • de saisir Monsieur Philippe Chalmin, Président de l’Observatoire des prix et des marges, afin qu’il puisse, de manière objective et extérieure à la filière établir l’évolution de la répartition des marges liées à la vente de vin dans l’hexagone.
  • d’organiser, sur cette base une table ronde avec la grande distribution française avec deux objectifs : d’une part, augmenter les prix de vente des vins de Bordeaux en Grande Distribution -nos vins ne sont pas vendu assez cher – , afin d’augmenter les marges de la filière, et d’autre part, assurer une redistribution de ces marges vers l’amont de la filière;
  • de missionner les services économiques du CIVB afin d’observer l’évolution des marges sur le vin de Bordeaux à l’export, observation qui pourrait servir de base à l’organisation d’une table ronde avec les principaux exportateurs Bordelais sur la répartition des marges dans la filière.

Je pense que notre interprofession ce faisant, jouerait pleinement son rôle.

Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, pour ramener de la marge dans la viticulture, l’appareil de production de nos vins va disparaitre, et avec lui, le commerce.

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