Dans le bordelais, les héritiers de la vigne arrachent pour retrouver « une économie saine » (La Tribune)

REPORTAGE. Bordeaux arrache 8.000 hectares de vignes, en majorité dans l’Entre-deux-Mers. Les domaines familiaux de cette région volumique abolissent la monoculture du raisin, partagés entre colère, amertume et espoir.

Des coteaux dans le brouillard. Des monticules de vignes qui brûlent. Sur les routes de l’Entre-deux-Mers, cette vaste région de culture à l’est de Bordeaux, on cherche du regard les parcelles arrachées (disséminées), celles laissées en friche (nombreuses) et on s’étonne de croiser de très jeunes ceps plantés quand l’économie du vin s’effondrait déjà. Ce terroir de vins rouges et blancs de grande consommation doit arracher 4.900 hectares d’ici la fin du mois de mai.

Dont 171 hectares rien que pour Sauveterre-de-Guyenne. Cette bastide médiévale de caractère abrite le domaine doublement réputé des d’Amécourt. Réputé d’abord parce qu’il est la propriété d’Yves d’Amécourt, ancien maire de la commune et figure locale du centre-droit. Aussi, parce qu’il cultive les valeurs familiales depuis plusieurs générations au sommet d’un coteau où trône une bâtisse ancienne. Mais c’est terminé. « Ça serait complètement inconscient aujourd’hui de reprendre une exploitation au bord du gouffre. »

L’air apitoyé sous son béret, Bruno d’Amécourt, 24 ans, s’est résigné : il ne reprendra pas le domaine, en vente depuis deux ans. « Ça fait facilement dix ans qu’on a des dégâts climatiques en série entre la grêle, le mildiou et le gel », explique-t-il en foulant le vignoble argileux et gorgé d’eau. La famille arrache 50 hectares.

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