Dans quelques jours le négoce prendra la présidence du CIVB

La viticulture a payé son tribu depuis 2004… Baisse des prix du vin, augmentation de toutes les charges (salaires, carburant, engrais, protection du vignoble, emballages…). Aux trente glorieuses (1974-2004) ont succédé les 6 calamiteuses (2004-2010), et au fond de nous même, quelque chose nous dit que ce n’est pas fini… Une crise viticole, suivi d’une crise internationale, une période émaillées de fléaux climatiques (grêle, gel)… en quelques années, la viticulture aura tout vécu, tout enduré, … Une période pendant laquelle la viticulture a assumé, enduré, … et aussi réformé. La qualité en quelques années a fait un bon que personne ne conteste… et pourtant, la lecture des résultats est sans équivoque. On est en train de se planter collectivement !

Dans quelques jours, la viticulture laissera la Présidence du CIVB au négoce.

  • On doit à la viticulture la grande réforme des cahiers des charges, des ODG, l’assurance qualité et le VCI.
  • On attend de cette nouvelle présidence, une réforme de nos méthodes de ventes, la reconquête des marchés et l’organisation du marché du vrac !

Il y a quelques jours, j’ai pris la parole lors d’une assemblée générale du CIVB, où je représente le Conseil Général, pour dire combien le canton de Sauveterre souffrait.

  • Millésime 1996 : je me souviens avoir vendu la récolte de notre exploitation 7500 FF le tonneau, soit à peu près 1150 € le tonneau. A l’époque, le rendement était de 65 hl/ha et notre canton comptait 7500 ha de vignes. Pour le millésime 1996, le « Produit Intérieur Vin » de notre canton était de 60 Millions d’€uros (1143€ *65/9*7500).
  • Millésime 2009 : soit 15 ans plus tard, notre canton compte 7000 ha de vignes, car 500 ha ont été arrachés, le rendement réalisé est de 50 hl/ha, et le prix du tonneau à 750 €… Pour le millésime 2009, le « Produit Intérieur Vin » de notre canton est de 30 Millions d’€uros (750€ *50/9*7000).

Entre 1996 et 2009, le « PIV » du canton de Sauveterre a été divisé exactement par 2 !

La viticulture est notre poumon. L’argent arrive par la viticulture et est ensuite redistribuée sous forme de salaires, de commandes, d’achats, d’investissements, de travaux…Aujourd’hui, tout le monde ressent la crise viticole, parce qu’elle a des ramifications dans tous les secteurs de l’économie.

La viticulture a payé son tribu depuis 2004… Baisse des prix du vin, augmentation de toutes les charges (salaires, carburant, engrais, protection du vignoble, emballages…). Aux trente glorieuses (1974-2004) ont succédé les 6 calamiteuses (2004-2010), et au fond de nous même, quelque chose nous dit que ce n’est pas fini… Une crise viticole, suivi d’une crise internationale, une période émaillées de fléaux climatiques (grêle, gel)… en quelques années, la viticulture aura tout vécu, tout enduré, … Une période pendant laquelle la viticulture a assumé, enduré, … et aussi réformé. La qualité en quelques années a fait un bon que personne ne conteste… et pourtant, la lecture des résultats est sans équivoque. On est en train de se planter collectivement !

En 10 ans (1999-2009), voici ce qui c’est passé dans les 9 pays qui sont nos meilleurs clients :

  1. En Allemagne, le marché est passé de 500 000 hl à 250 000 hl (-50%)
  2. En Belgique, le marché est passé de 350 000 hl à 225 000 hl (-35%)
  3. En Russie, le marché est passé de 350 000 hl à 200 000 hl (-40%)
  4. En Hollande, le marché est passé de 190 000 hl à 60 000 hl (-70%)
  5. Au Danemark, le marché est passé de 150 000 hl à 40 000 hl (-70%)
  6. Aux Etats Unis, le marché est passé de 150 000 hl à 110 000 hl (-25%)
  7. Au Japon, le marché est passé de 150 000 hl à 110 000 hl (-25%)
  8. Au Canada, le marché est passé de 80 000 hl à 75 000 hl (-6%)
  9. En Suisse, le marché est passé de 100 000 hl à 55 000 hl (-45%)

En 10 ans, chez nos meilleurs clients, les ventes de Bordeaux sont passées de 2 Millions d’hectolitres, à 1,1 millions d’hectolitres… -900 000 hectolitres, l’équivalent de la production de 18000 ha de vignes ! Pendant ce temps, nous arrachions 3800 ha…

Pendant que la viticulture se réformait, notre machine à vendre se grippait. Alors que les nouveaux pays exportateurs de vin partaient à la conquête de nos marchés avec de nouvelles méthodes de vente, les opérateurs bordelais étaient en panne.

Au lieu de valoriser les produits en construisant la marge nécessaire au paiement d’un marketing offensif, les négociants bordelais, se concurrençant les uns les autres, ont laissé se dévaloriser la marque « Bordeaux ». Aujourd’hui les Bordeaux sont vendu sans marge, ni à la propriété, ni au négoce, ni à la distribution. Et comme plus personne ne gagne sa vie sur notre marque, elle perd petit à petit des parts de marché. Qui est intéressé pour vendre à perte ou à prix coutant ?

En 10 ans, au fur et à mesure que Bordeaux baissait ses prix, les marchés s’érodaient !

Le sursaut qui a été opéré dans la viticulture depuis 10 ans, à la demande du négoce, doit s’opérer désormais dans le négoce, à la demande de la viticulture ! Nous avons une viticulture de qualité, c’est désormais le négoce qui doit faire des progrès de qualité.

Aujourd’hui, quelles sont les notes d’optimisme (oui, il y a en a)?

  • Notre pays, nos collectivités semblent avoir compris que nous étions dans une crise grave et profonde, et qu’il était urgent de cesser de nous taper sur la tête à coup de publicité mensongère sur les méfait d’une consommation même modérée de vin. Il faut dire qu’un certain nombre d’entre nous pointent désormais au RSA…et ce n’est pas de gaîté de cœur !
  • Ceux là même qui se sont battus en 2006, contre la mise en place d’un prix minimum, semble enclin a bien vouloir travailler ensemble pour mettre en place l’organisation du marché qui permette d’obtenir un prix « plancher ». La baisse des prix du vrac ne rend service à personne et elle entraine avec elle la baisse des prix des bouteilles et la baisse des marges en valeur absolue. La désorganisation du marché du vrac n’est pas digne d’une filière d’excellence comme la notre. Tout le monde doit prendre conscience que les malheurs de la filière se concentrent dans le marché du vrac et que si l’on ne trouve pas une solution à ce niveau, c’est toute la filière qui sera emporté. Ceux qui se sentent à l’abri sont soit autistes, soit inconscients. Il faut mettre sur pied l’Organisation des Producteurs de Vins en Vrac, et lui donné des outils pour travailler ! Cette mission est celle, originelle, de l’interprofession, qui malheureusement, ne l’a jamais exercé : c’est son échec majeur.
  • La Chine+Hong-Kong, qui n’existait pas en 2000, est aujourd’hui notre 4ème client avec 200 000 hl de vin acheté en 2009, et une progression annuelle de +100% depuis 5 ans. La Chine sera notre premier client dès 2010.
  • Les vins Rosés et Clairet, dont la production en 2000 était anecdotique, à l’échelle de la Gironde, représente aujourd’hui un volume de 230 000 hl. Ce sont des vins bien valorisés, dont la vente progresse chaque année, sans l’aide de l’interprofession (peut-être est-ce là la recette !).

Bordeaux qui était une place de marché avant d’être une AOC, doit repartir à la conquête des marchés du monde, avec l’objectif de vendre le vin que nous produisons, et celui de le faire en créant des marges et de la richesse qui reviendront immanquablement dans notre département.

Bordeaux doit s’intéresser à tous les marchés. Même ceux où, aujourd’hui, on ne vend pas de grands crus. Il en est un qui progresse constamment, c’est celui transversal des nouveaux emballages.

Dans quelques jours, la viticulture laissera la Présidence du CIVB au négoce.

  • On doit à la viticulture la grande réforme des cahiers des charges, des ODG, l’assurance qualité et le VCI.
  • On attend de cette nouvelle présidence, une réforme de nos méthodes de ventes, la reconquête des marchés et l’organisation du marché du vrac !

Annexes :

4 commentaires sur “Dans quelques jours le négoce prendra la présidence du CIVB”

  1. Je viens de lire ton papier sur le changement de présidence de la filière.

    Moi quand je vais acheter du vin je me retrouve devant des dizaines de bouteilles différentes avec le choix entre des grands crus et des « pas grand crus ». Autrement dit entre du très cher et de la piquette. C’est du moins l’impression que cela me donne. Résultat au lieu de choisir un vin je choisis un prix en fonction des gens que je reçois. Mes amis font de même. La conséquence de cela est qu’au lieu de mettre du vin sur ma table pour la rendre plus conviviale, j’ai le sentiment de le faire uniquement pour participer à la sauvegarde du vignoble français. Ce qui gâte quelque peu le plaisir.

    Vous êtes tous : mis en bouteille au château, léger en bouche, fruité avec un léger…..,élevé en fût de chêne.., etcaetera

    Résultat la seule différence entre l’étiquette du « cellier de dauphin » et celle d’un « les fort de latour » c’est LE PRIX.

    La grande particularité de vos clients est qu’ils n’atteindrons jamais le niveau « amateur éclairé ». Mais nous vous demandons de nous vendre un moment agréable, une complicité (avec le soleil les fruits les collines le climat…), un plaisir, une euphorie (si si) de bon aloi.

    Voici voilà ce que m’inspire ton papier

  2. A des arguments environnementaux factuels vous opposez des arguments socio économiques illusoires, pour en définitif, justifier face à une population en colère l’injustifiable, le saccage inutile de votre région, et le gaspillage de notre argent public.
    En effet une étude sous la direction du maître de conférence Marie Delaplace de l’université de Reims démontre chiffres à l’appui que l’arrivée du TGV sur un territoire ne génère aucun développement économique et touristique probant. Au contraire, la grande vitesse induit des effets d’aspiration négatifs sur les territoires traversées ( effet d’aspiration économique vers la grande métropole parisienne, effet tunnel).
    On pourrait donc parler d’un effet pigeon LGV.
    Désastreux d’autant que la vache à lait de ce lobby ruineux est le contribuable, et que le contribuable a d’autres soucis aujourd’hui que de permettre à quelqu’un de pouvoir gagner du temps dans ces voyages d’affaires.
    J’espère que les électeurs seront un jour reconnaissant de votre irresponsabilité politique.

  3. il faut aussi savoir si le sud ouest veut vivre dans son siècle et avec la mondialisation, où rester à chasser, pécher et faire la 3ème mitan
    je pense que tt cela est dépassé.

  4. cela fait 10 ans que Bordeaux marche à contre courant. 10 ans de contexte économique mondial favorable, 10 ans de progression de la consommation de 5 à 6% par an sans interuption. Et durant tout ce temps nous n’avons cesser de perdre des parts de marché, des référencements ce qui à fini par écorner notre image collective. En fait cela fait 10 ans que nous sommes en crise structurelle. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. C’est qu’il y en a trop! Nous nous sommes illustrés par une absence de stratégie collective. Et non content de se servir du vigneron comme variable d’ajustement économique, il est devenu le bouc émissaire facile d’un système incestueux. Puisqu ‘il ne cesse de l’abuser. Cependant , vous avez due en entendre parlé, Bordeaux vient de produire une feuille de route: Bordeaux Demain!
    L’initiative de ce plan ne nous reviens même pas puisque c’est en fait une commande imposée par l’Etat. Condition que nous devions remplir si nous voulions conserver sa bienveillante attention.
    Ce plan se décline en quatre axes:
    – Renforcer la compétitivité des acteurs locaux.
    Valoriser le nom de Bordeaux.
    Renforcer la dynamique commerciale.
    La gouvernance de la filière.
    De façon extrêmement surprenants, Bordeaux découvre dans cette étude indépendante qu’il existe une segmentation par le prix et que 60 % de nos volumes produits (4 M d’hl) devrait être influencés par l’attente des consommateurs!!!!! voilà une révolution notre gouvernance ne détiendrait donc pas toute la vérité?
    Ce plan Bordeaux aura couté environ 100 000€ mais n’aura chiffré financièrement aucune de ses mesures.
    Néanmoins, ce plan reconnaît en fin nos problématiques collectives, la précarité des opérateurs, la situation difficile de tous et l’impasse dans laquelle beaucoup sont. Mais il ne nous est rien proposé comme solution si ce n’est de sortir des statistiques les volumes des premières gammes pour faire remonter arithmétiquement la moyenne des prix. Ceci implique de fait deux sous entendus:
    les producteurs portent seuls la responsabilité de l’échec de la filière.
    Il est délibérément choisi de sauver le système au dépend de ceux qui l’ont créés et le financent.
    En fait si ces 1,1 Md’hl ne sont pas vendus assez cher, la solution est simple: on les fait disparaître (perte des habilitation à l’appellation, arrachage…). Les vieux réflexes ont la vie dure et tiendront bon tant que nous ne voudrons pas accepter que notre logique est unique en France. (notoriété+ masse).
    Dans ce plan, il est relevé l’échec de notre système coopératif, machine de guerre à la puissance potentielle phénoménale mais qui s’ignore!!! mais pour palier à ce manque il est délibérément choisi des les sauver par défaut en tuant les indépendants. Je cite le Président du Crédit agricole régionale:
    « les producteurs incapables de se reformer devront rejoindre les caves coopératives ou disparaître! »
    Ici comme ailleurs «  se réformer » signifie s’en sortir seul ou mourir !
    En lisant attentivement nous trouvons aussi des vieilles habitudes ressurgir puisqu’il est proposé de renforcer les contrôles sur les opérateurs pratiquant des prix bas!!! Salaud de pauvres! Il est plus facile de renvoyer un problème apparemment insoluble à l’échelon individuel puisque la collectivité n’y peut rien. Mais qui dans la filière ira faire des contrôles chez Castel premiers acheteurs de prix bas et responsable du dernier marasme. Au fil des pages un dessin se précise et m’inquiète…. sous l’idée de sauver une filière il est prévu de réduire de 8000 ha nos surface, puisque nous sommes toujours dans l’idée de surproduction latente. La froideur du système va même jusqu’à prévoir le nombre d’exploitant devant rester à terme:6256!!!!! et pas 6257! soit une épuration de 25%!
    Mais après tout, l’introduction préalable à ce plan est intéressante. Il apparaît un diagnostic des fonctionnements de notre filière et d’un comparatif avec les autres dans le monde. Il est clairement mis en avant l’intérêt de l’écoute de l’attente des consommateurs mais notre naturel revient toujours. Puisque l’épuration est prévue, chiffrée dans nos pertes fratricides. Je suis partagée entre me battre contre ce plan ou lutter en participant à créer un contre exemple!

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