Cet après midi le Président du Syndicat des Bordeaux, Bernard Farges, et son équipe, présentait aux viticulteurs du secteur de l’Entre-Deux-Mers géographique, les projets de réforme suite à l’adoption par l’assemblée de la Loi d’Orientation Agricole.
Je retiendrai de cette présentation les choses essentielles:
- Fini l’agrément de produits semi-finis, en cour d’élevage. L’agrément sera désormais celui des exploitations, des chais et des négociants. Place à la responsabilité individuelle et aux contrôles à postériori sur les produits finis, plus près du consommateur.
- Oui à la défense des Vignes Hautes et Larges (3 mètres entre les rangs, 1 m entre les pieds, 1m50 de feuillage). Notre Syndicat continue le combat pour défendre cet usage qui date des années 70 et qui a fait la renommé de nos vignobles, de nos paysages, qui participe au développement durable de nos exploitations. Récemment, des chercheurs ont incité à aller vers cette solution pour pallier les effets du réchauffement climatique! Dans la mesure où la nouvelle directice de l’INAO, Marion Zalay, est justement celle qui obtint pour nous, la restructuration en VHL, il me semble que nous sommes sur la bonne voie…
- Alors que l’Europe envisage d’interdir l’emploi du mot « supérieur » dans les dénominations des appellations, le syndicat pousse l’idée de transformer l’AOC « Bordeaux Supérieur » en AOC « Bordeaux 1er Cru ». Avec la fin des replis en « Bordeaux Supérieur » acquise au forceps l’année dernière, cette mesure permettra à tous les viticulteurs du secteur, de produire, sur une partie de leur vignoble, des vins de milieu de gamme !
- Le Syndicat demande , par ailleurs, que sur 15% de la surface, un viticulteur puisse utiliser d’autres cépages que ceux imposés par l’AOC. Il me semble que cette mesure est une mesure de bon sens pour préparer l’avenir… Elle est cohérente avec les règles d’étiquettage internationales (85/15). C’est, en somme, autoriser à chacun d’avoir un service R&D, pour préparer les évolution de demain : évolution de la consommation, évolution du climat, évolution des goûts, … Aujourd’hui, de nouveaux cépages français sont à l’essai au Portugal, parcequ’en France ils sont interdits en production dans les aires d’AOC!!!
- Le Syndicat refuse la proposition du négoce de réserver l’AOC aux vins « mis en bouteilles dans la région de production », par contre il souhaite que les négociant soient agréés pour pouvoir mettre en bouteille du Bordeaux, où qu’ils soient dans le monde! Ce n’est pas le moment, aujourd’hui, d’aller refuser des marchés en vrac, sous prétexte qu’ils ne sont pas mis en bouteille dans la région de production. Autant se tirer une balle dans le pied !
Les hommes changent, les idées avancent ! Généralement, elles vont loin les idées qui continuent d’avancer quand les hommes changent… Merci à Bernard Farges et à son équipe pour le temps qu’ils consacrent à notre avenir!
Je ne peux m’empécher de réagir afin de recadrer un certain nombre de choses :
1- La Directrice de l’INAO n’a aucun pouvoir décisionnel. Elle dirige les services. Seul le comité National, enfin présidé par un homme qui a une vision internationale, qui a porté ses Entreprises au succès (Moët, Mercier, Ruinart, Clicquot, Krug), qui a présidé les destinées du seul vignoble qui fonctionne, ne se laissera pas embarquer dans une politique étriquée qui tire l’AOC vers le bas.
Je voudrais que l’on m’explique pourquoi à Bordeaux il faudrait des vignes basse densité pour que l’économie soit rentable alors que d’autres vignobles doivent se battre avec des armes différentes (Côtes du Rhône, Beaujolais) et des densités élevés.
2- Je crois Monsieur d’AMECOURT que le problème de BORDEAUX réside dans son impossibilité de se remettre en question.
3- Il faut aujourd’hui séparer les BORDEAUX de prestige (grandes appellations de niche et de notoriété) et les petits BORDEAUX d’entrée de gamme qui doivent être des vins de plaisir, de conviavilité mais qui n’ont rien à faire dans la sphère AOC. Ainsi, en sortant, en allant dans une logique d’un marketing de l’offre, il sera permis de faire des vins tournés vers le consommateura vec des armes modernes (nouveaux cépages, aromatisation aux copeaux…). Ces vins élaborés par des wineries du négoce ou de la coopération offriront des marques mondiales à 20 ou 40 millions de cols et pourront être présentes de PEKIn à LOS ANGELES. Avec 6 ou 7000 ha à SAUVETERRE, il y a de quoi pour un investisseur de l’agro alimentaire de mettre en oeuvre une politique de l’aval et qui tire l’amont (à l’instar des autres filières agro alimentaires où c’est la transformation qui tire l’agriculture) Il reste à trouver un espace pour les vins de vignerons authentiques et performants (COURSELLE, CARTEYRON, DUFFAU, BATHE, ROUMAGE).
3- Enfin, dénommer BORDEAUX 1r cru serait une supercherie et une tromperie pour le consommateur. Ce terme évoque aujourd’hui les grands bordeaux du MEDOc ou les meilleures parcelles de la Côte de BEAUNE ou de NUITS. Cela ne reviendrait qu’à déstabiliser le consommateur.
4- Parler de l’agrément en 2007 est le quotidien des vignerons français. Quel drame ! Pendant ce temps ils ne se battent pas sur les marchés. Il n’y qu’à faire comme dans l’industrie. Quand, il y a un problème, la sanction du marché tombe. On corrige. On vire les hommes. On dépose le bilan. On ne mobilise pas des armées de syndicalistes. Si un vigneron ne sait pas faire du vin, qu’il fasse autre chose. L’AOC n’est pas un droit ou un du.
Monsieur,
1 – le Directeur de l’INAO a beaucoup plus de pouvoir que vous ne le pensez.
1 – On produit de grands vins avec des vignes Hautes et Larges, comme les vins des viticulteurs que vous citez, et que vous semblez apprécier. Ce n’est pas parce qu’on préfère les Vignes Hautes et Larges qu’on est pas un viticulteur "authentique"!
2 – Ce discours convenu sur "l’impossibilité de Bordeaux à se remettre en question" est battu en brèche par la réalité de la remise en question qu’opère bordeaux depuis 4 ans!
3 – Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire des vins de plaisir dans le giron des AOC ! Depuis 30 ans, l’AOC Bordeaux paye 15% des cotisations à l’INAO, et aujourd’hui on voudrait lui supprimer l’AOC ? Mais l’AOC Bordeaux est copropriétaire del’INAO, lui enlever l’AOC, c’est une spoliation!!!
3 – Bordeaux 1er Cru n’est pas une supercherie, les viticulteurs dont vous parlez dans votre texte n’y ont-ils pas droit? Ce serait une supercherie si les vins qui portent ce nom ne le méritaient pas. Ne pensez vous pas qu’un certain nombre de Bordeaux le mérite ? Pourquoi n’y aurait-il pas un "ascenseur" dans l’AOC Bordeaux? Le terme de 1er Cru existe dans de nombreuses régions. Il est désormais autorisé au Chili…
4 – Le débat sur l’agrément est un débat national, à l’initiative de l’INAO et du gouvernement (LOA). L’objectif est d’agréer des viticulteurs, plutôt que des vins en cours d’élevage. Il me semble que cela va dans le bon sens. Dans le sens que vous souhaitez.
Merci pour votre participation à mon blog. N’hésitez pas à signer vos articles. C’est sans danger!!!
Yves d’Amécourt