1/ Yves d’Amécourt, vous êtes vigneron en Gironde, militant historique de la droite dite « classique », adhérent du RPR, de l’UMP puis de LR. C’est sous les couleurs de cette droite que vous avez été maire, de Sauveterre-de-Guyenne, Conseiller Général de la Gironde, Conseiller Régional de la Nouvelle-Aquitaine, président de la communauté de communes rurales de l’Entre-Deux-Mers, porte-parole national du Mouvement de la Ruralité. Vous avez été le porte-parole national du candidat Fillon sur les sujets agricoles et ruraux.
Bref vous êtes assez représentatif de cette droite… droite dans ses bottes, passablement orpheline aujourd’hui. Aujourd’hui, on vous voit très proche du maire de Cannes, David Lisnard, qui est sur tous les fronts. Le nouveau François Fillon, selon vous ?
David Lisnard a de nombreux points communs avec François Fillon, c’est un coureur de fond, il est persévérant, il a des convictions bien ancrées, il trace son sillon. David, comme le fut François, est un élu local, maire, conseiller général, Président d’une communauté d’agglomération. Il est au contact direct des habitants. Président de l’association des maires de France il effectue un tour de France des associations départementales de maires. Il est sur le terrain, au contact direct des élus. Un maire c’est quelqu’un qui décide en permanence, qui concerte, qui tranche, qui avance. Le talent d’un maire réside dans sa capacité à imaginer demain, puis partager sa vision des choses, avec son équipe municipale, les élus, et avec son administration, enfin à déléguer, à responsabiliser et à faire confiance. Le maire a besoin de temps pour préparer l’avenir et pour gérer les aléas. Pour bien le faire il doit s’appuyer sur ses équipes pour gérer le quotidien « en mode normal ». Lorsque les choses sont évidentes et que tout le monde est d’accord, il n’y a pas besoin de maire … Le maire est là pour décider ce qui ne fait pas consensus, notamment l’indécidable. Pour envisager l’avenir en fonction de l’analyse qu’il fait de l’évolution des besoins, exigences nées de la nature ou de la vie en société.
Pour cela, les maires ont besoin d’écouter, d’apprendre et de comprendre les sujets, avant de s’exprimer, quand d’autres, se satisfont de quelques éléments de langages… Les maires s’intéressent à tous les sujets quand d’autres se focalisent sur une problématique particulière et regarde tous les problèmes à l’aune de leur spécialité. David a besoin d’être nourri, pour construire, sur chaque sujet, une intime conviction. Il aime mettre des ordres de grandeur sur les problèmes afin de quantifier et de qualifier des mesures significatives. Il ne se satisfait pas des seuls diagnostics, il a besoin d’avancer des solutions, des propositions concrètes. Fort de cela, une fois convaincu du chemin qu’il convient d’emprunter, il avance ses arguments, et ses propositions, les solutions qu’il proposent, avec une sincérité visible et convaincante, sans se soucier du qu’en-dira-t ’on. Et puis David, comme François, aime travailler en équipe. Il aime cosigner des papiers ou des tribunes, des livres (Refaire communauté, pour en finir avec l’incivisme, La culture nous sauvera, Le réveil de la droite), des préfaces (La dictature bureaucratique, Initiation à l’économie de la construction), avec les gens qu’il estime (Alexandra Martin Naïma M Fadel, Lisa Kamen, Viviane Chaine-Ribeiro, Thibaud de Montbrial, Frédéric Bizard,…) ou les membres de son équipe. C’est très agréable. Il écoute beaucoup. Nous avons signé quelques tribunes ensemble sur la bureaucratie, l’agriculture, l’énergie, le logement. Nous avons de nombreux sujets en partage, des valeurs et des convictions communes.
2/ Pèse aujourd’hui sur LR une présomption d’insincérité. Nombre de Français, pourtant longtemps restés fidèles électeurs, disent se sentir trahis. Jugent que ce parti n’est plus qu’un canard sans tête et une auberge espagnole. Nous le constatons dans les commentaires des lecteurs de BV. Imaginez-vous possible qu’un David Lisnard puisse rebâtir cette confiance perdue ? Et pourquoi lui plutôt que Laurent Wauquiez et FX Bellamy, qui sont un peu, si j’ose dire, sur le même créneau ?
Je rencontre tous les jours des militants qui sont déboussolés, qui se sentent « orphelins » comme vous le disiez tout à l’heure. De nombreux amis qui se sont abstenus lors de l’élection présidentielle et des élections législatives, faute d’offre politique satisfaisante…
Depuis la primaire de la droite et du centre, en 2016, qui avait vu se déplacer vers les urnes plus de 4 millions de sympathisants à l’issu d’un débat de grande qualité ; depuis la Présidentielle de 2017 lorsque François Fillon avait recueilli sur son nom, malgré tout, plus de 7,2 millions de suffrages … LR n’a cessé de perdre des militants et des sympathisants. Il faut se rendre à l’évidence, depuis les élections présidentielles de 2022, LR joue en deuxième division.
L’idée même du « rassemblement du peuple français », au-delà des partis politiques, si cher aux gaullistes, a disparu du logiciel de LR. C’est pourtant ce rassemblement qui permettra de revenir au pouvoir. Mon sentiment est que le rassemblement n’est possible qu’autour d’un projet, un projet fédérateur. Ce projet ce doit être une vision qui redonne espoir en l’avenir, quelques propositions concrètes et bien dimensionnées et une méthode qui montre et démontre qu’elles sont possibles à mettre en œuvre. C’est le travail qu’a entrepris David Lisnard avec Nouvelle-Energie. Nous partons du principe que le temps que nous consacrons à bâtir un projet est, de toutes les façons, utile à notre famille politique. Le chemin que nous parcourons ensemble aujourd’hui est porteur d’avenir. Nous ouvrons de nouvelles portes, nous évoquons de nouvelles solutions, nous alimentons les débats du moment avec des propositions différentes, et nous ouvrons de nouveaux débats. Nouvelle-Energie est un stimulant de la créativité et participe ainsi au besoin de renouveau de notre démocratie.
Bien sûr que c’est important. Les mandats électifs, l’exercice d’un métier, la vie professionnelle, ce sont des parenthèses dans notre vie. « Père de famille » c’est pour toujours. C’est un engagement durable. « Nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants » disait Antoine de Saint Exupéry.
Être père de famille aide à comprendre les notions de fraternité, de responsabilité, de liberté, et comment elles s’articulent entre elles, dans le temps, selon les circonstances, dans l’urgence, avant, pendant et après une tempête … L’expérience de père de famille m’a permis de faire la part des choses entre ce qui est l’intérêt individuel, l’intérêt collectif et le bien commun.
Or, la recherche du bien commun est au cœur de nos mandats d’élus… Le bien commun ce n’est pas l’addition des intérêts individuels. Ca n’est pas non plus l’intérêt collectif. C’est bien au-delà de ça.
Et puis être « père de famille » c’est aussi être l’un des acteurs du long processus d’éducation de ses enfants. C’est être maître d’apprentissage. C’est être aussi Papa. La famille est un lieu de débat, de confrontation, où le père joue un rôle particulier. Les enfants se construisent par identification à leurs parents, père, mère, papa et maman, puis par différence, par confrontation. La vie familiale, c’est l’école de l’altérité. C’est l’école de l’humilité. C’est le premier lieu d’apprentissage de la vie en société. Puis vient la crèche, l’école, la commune…
A l’heure où un certain nombre de rôle sont remis en cause dans notre société, afficher celui de « père de famille », de « papa », est important. Comme l’écrivait Platon : « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là en toute beauté et toute jeunesse le début de la tyrannie. »
4/ Mais au fond, n’est-il pas plus proche, sur les sujets essentiels, d’un Éric Zemmour ou d’une Marine Le Pen que bien des sommités à l’intérieur de son propre parti… comme Gérard Larcher ?
Les partis, les personnes, … ce n’est pas notre sujet. Notre sujet c’est la France et les Français. L’objectif n’est pas de savoir de quel homme ou femme politique nous sommes proches. L’objectif est de savoir quel est le projet que l’on propose aux Français pour leur redonner confiance et foi en l’avenir.
Notre sentiment profond est qu’il faut redistribuer les cartes et faire le pari de la liberté ! Finalement, depuis 40 ans, comme disait François Fillon en 2017 : « On a tout essayé, sauf la liberté ! »
Nous sommes passionnément attachés à la liberté, parce qu’elle permet aux individus de s’émanciper, et qu’elle est source de créativité, et de prospérité. Nous savons qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. La responsabilité permet d’installer la confiance en lieu et place de la défiance, c’est la possibilité de déléguer pour être plus efficaces. C’est tout l’enjeu de la subsidiarité. Or, au fur et à mesure que l’on a supprimer la liberté, on a dilué la responsabilité et supprimé la subsidiarité. C’est le propre des organisations verticales, Jacobines. A Nouvelle-Energie, nous sommes Girondins.
Le contrat de confiance entre l’Etat et les citoyens, les collectivités, les entreprises, n’existe plus. L’Etat a voulu prendre la main sur de trop nombreux sujets. Il est partout, et en fait, il est nulle part. Il est devenu inefficace sur les sujets qui sont pourtant de sa compétence : la justice, la sécurité… Il se mêle de tas de sujets qui ne sont pas de son ressort et il a transféré à l’Europe des compétences qui relèvent de la souveraineté nationale …
Plus personne n’y comprend rien ! Là où autrefois on attendait un préfet, c’est le ministre en personne qui se déplace. Là ou on attendait un ministre, c’est le Président de la République. Il y a trop de niveaux dans notre organisation territoriale et le partage des compétences est loin d’être clair. Il y a trop de lois, trop de décrets, trop de normes, trop de textes… Plus personne n’est responsable. On a même inventé le concept de « responsable mais pas coupable » et le « principe de précaution » autrement dit le parapluie à tous les étages ! Et à chaque fois que l’Etat entreprend une simplification, cela abouti à de nouvelles normes !
A Nouvelle-Energie nous préférons « l’ordre juste ». Pour cela il faut remettre les choses à l’endroit et faire que chacun comprenne le fonctionnement de nos institutions. Il n’y a pas de démocratie sans compréhension. Il faut redéfinir les rôles de chacun, les responsabilités qui leurs incombent et leur rendre la liberté d’agir.
Ainsi, méthodiquement, pas à pas, nous deviendrons des artisans de la performance publique et de la lutte contre la bureaucratie, notamment au sein de l’Etat, qui doit être recentré sur ses missions essentielles. Nous encouragerons les initiatives privées et les initiatives locales au lieu de les contraindre : elles sont sources de progrès, de croissance et d’emplois. Elles sont sources de souveraineté !
G. C. N’est-ce pas à l’État de rétablir sa souveraineté ?
Penser que la souveraineté viendra de l’Etat comme on peut l’entendre ou le lire, y compris dans les écrits d’organismes gouvernementaux, est une grossière erreur. C’est au contraire en installant une société de confiance et de responsabilité, que nous multiplierons les initiatives, libérerons les énergies, que nous regagnerons l’indépendance perdue de la France. Que nous retrouverons une ambition industrielle, agricole, scientifique, numérique, environnementale et climatique. Quitte à reprendre à l’Europe des compétences que l’on n’aurait jamais dû lui donner comme l’écrit Edouard Balladur dans une récente tribune parue dans Le Figaro. L’Europe a été créée pour être un levier de puissance dans le monde, pas pour nous engager dans une politique commune de décroissance et d’appauvrissement.
A Nouvelle-Energie, nous ne sont pas des déclinistes. Nous sommes résolument tournés vers l’avenir, confiants dans les entreprises, l’innovation, la créativité française et dans notre capacité à répondre à l’enjeu écologique, comme à tous nos défis mondiaux et nationaux ;
Nous sommes aussi viscéralement soucieux de l’unité nationale par la reconnaissance du mérite et du travail, la maîtrise de l’immigration et l’assimilation, le respect de notre histoire, toute notre histoire, la préservation de nos paysages et la valorisation de notre géographie, l’instruction, le renouveau éducatif pour l’émancipation individuelle et la concorde nationale ; Ainsi nous sommes opposés au racialisme, à l’indigénisme, au wokisme, fruits d’un déconstructionnisme qui conduit au nihilisme ou à la tyrannie ;
Plus que tout, nous croyons en la France, en sa culture, sa continuité et son universalisme, que nous désirons assurer en assumant un projet moderne, enraciné, ouvert et tourné vers une nouvelle espérance.
« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité. Un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté » disait Winston Churchill.
Les difficultés ne manquent pas. Nous sommes résolument optimistes !
Cet entretien a été publié sur Boulevard Voltaire en deux parties :