Questions de Baptiste Bize, la Nouvelle-République, et nos réponses.
Transports : pour ou contre le projet d’autoroute entre Poitiers et Limoges ? Quelle participation financière de la Région ? Sinon, quels aménagements sur la RN 147 ?
Nous sommes bien évidemment pour une autoroute entre Poitiers et Limoges. Mais cet équipement doit s’accompagner d’autres travaux. En effet, si l’on améliore ainsi le trajet Limoges-Poitiers-Angoulême-Bordeaux-Espagne, on risque d’accentuer encore le problème du bouchon de Bordeaux en augmentant le trafic.
Il nous faut donc réfléchir à une liaison nord-sud qui ne passe pas par Bordeaux, une liaison qui soit, en plus, une nouvelle occasion de désenclaver nos territoires. Nous pensons au projet de barreau autoroutier entre Mussidan et Langon (dossier Sud-Ouest) qui permettrait cela en créant une liaison entre Périgueux et Pau, d’une part, et Périgueux et l’Espagne, via Mont de Marsan, d’autre part.
Notre volonté est bien de remettre à l’étude des travaux routiers et autoroutiers dans notre grande Région et de sortir du dogme affiché par l’actuelle majorité.
Nous souhaitons aussi mettre le paquet sur les trains du quotidien. Notamment en transformant un certain nombre de TER en RER, aux horaires cadencés, le matin et le soir, pour faire le lien entre les bassins de vie et les bassins d’emploi. Trop de trains sont aujourd’hui annulé et mette en péril l’organisation de la vie familiale. Quand les trains ne sont pas fiables, on reprend sa voiture. Nous voulons que les néo-aquitains passent moins de temps dans les transports, et plus de temps en famille. C’est important aussi, pour la qualité de l’éducation de nos enfants.
L’argent inutile que la Région met dans la production d’énergie décarbonée, (la Nouvelle-Aquitaine est excédentaire en énergie décarbonée : elle produit 56,2 TWh (+4,5% par rapport à 2018) et en consomme 39,8 TWh) et dans le « greenwashing » nous le mettrons dans les transports du quotidien et dans les routes.
Développement économique : quelles priorités pour le Poitou ? Comment la Région peut-elle intervenir pour sauver les Fonderies du Poitou ?
L’Etat vient d’octroyer un prêt de 10 millions d’euros à la société Alvance, pour éviter la liquidation judiciaire à trois de ses fonderies françaises, dont Alvance Poitou Fonte et Alvance Aluminium Poitou, dans la Vienne. Malheureusement, plusieurs fonderies automobiles sont en grande difficulté. Le gouvernement a d’ailleurs proposé le 26 avril un « plan d’action » qui comprend un fonds exceptionnel de 50 millions d’euros pour la reconversion des salariés, et veut promouvoir des démarches de consolidation du secteur… Tout cela s’inscrit dans un long processus de désindustrialisation de la France qui est dû principalement aux charges qui pèsent sur le travail en France. Tant que l’on ne reverra pas ce point crucial, l’industrie quittera le territoire national. Le projet du Mouvement de la Ruralité est de faire glisser les charges qui pèsent actuellement sur le travail vers la Valeur Ajoutée afin de redonner de l’air à la production nationale en rééquilibrant la concurrence avec l’importation. C’est un vaste chantier de relocalisation de la production notamment pour l’industrie, et la transformation des produits agricoles et forestiers dans nos territoires ruraux.
Pour ce qui est de la région, notre priorité ira aux TPE, aux PME, qui sont la pépinière des entreprises de demain. La Région n’a pas vocation à compenser localement les erreurs commises par les gouvernements au niveau national.
Aménagement du territoire : quelle place pour le Poitou dans la région ? Quelle présence de la collectivité dans les territoires ? Quel rôle pour la Maison de la Région à Poitiers ?
Dès notre élection nous consulterons la population de la Région sur les limites de la grande Région (Article L 1112-15 du CGCT : consultation sur les décisions qu’une collectivité territoriale envisage de prendre et qui relève de sa compétence. Article 4122-1 : les conseils régionaux et départementaux peuvent demander une modification des limites territoriales de la région). Fort des résultats de cette consultation nous mettrons l’Etat devant ses responsabilités. En attendant, notre souhait est de décentraliser la Région en s’appuyant sur ses capitales régionales, et, au-delà sur les villes moyennes, comme trait d’union entre les zones rurales et la métropole. Nous rappelons à ce sujet les dernières prises de parole d’Yves d’Amécourt dans l’hémicycle de la Région.
Notre projet présenté à l’occasion du vote du budget 2021 se décline ainsi :
- Mettre chaque zone rurale à moins de 20’ d’une ville moyenne ;
- Positionner chaque ville moyenne à moins de 1h30 d’une métropole régionale ; Nous avons besoin pour cela de routes, d’autoroutes, de trains, de gares, de RER, …
- Mieux connecter ces métropoles avec le monde ;
- Distribuer la fibre optique sur tout le territoire ;
- Utiliser la 5G pour déployer des services publics à forte valeur ajoutée dans les villes d’équilibre, en particulier en matière de santé ou d’éducation ;
- Reconstruire l’hinterland de nos grands ports maritimes pour ne laisser aucun territoire dans l’angle mort des échanges internationaux ;
Education – université – recherche : quels moyens la Région peut-elle mobiliser pour développer le pôle d’enseignement supérieur et de recherche autour de l’université de Poitiers ?
L’université de Poitiers dispose à l’heure actuelle de nombreuses formations de qualité. Notre souhait, à Poitiers, comme dans l’ensemble de la Région, département par département, secteur par secteur, est de réaliser une vaste consultation des entreprises du territoire, des corps intermédiaires, des partenaires sociaux, des chambres consulaires, un benchmark avec les autres territoires nationaux et européen dans les domaines d’activité équivalents, afin de détecter les besoins en formation, en innovation et en recherche. Fort de cette analyse nous définirons avec les établissements d’enseignement supérieurs et d’enseignement professionnels, les formations et les spécialités de recherche dont la Région a besoin.
Nous voulons généraliser chaque fois que c’est possible, dans toutes les formations et dans tous les cursus, l’apprentissage pour les élèves et les enseignants-chercheurs.
Agriculture : faut-il développer les « bassines », les réserves de substitution, pour répondre aux besoins des agriculteurs dans le Poitou ?
C’est une évidence. Le Poitou, les Deux-Sèvres et les deux Charentes, sont aujourd’hui, en grand danger. Le marais poitevin, la Venise verte, est en danger. Nous mettrons donc en place un vaste plan d’irrigation dans toute la région basé sur un principe simple : stocker l’eau qui tombe en hiver, pour l’utiliser en été. Nous stockerons l’eau partout où c’est possible, y compris dans des zones humides à créer et dans le marais poitevin. Nous encouragerons la création de retenues d’eau, d’étangs, de mares. Nous nous battrons pour simplifier le droit dans ce domaine. Je rappelle qu’actuellement, le Président de la Région est aussi Président de l’Agence de l’Eau Adour Garonne, il a donc un poids important dans l’évolution des réglementations. Aujourd’hui, l’étude pour la création d’un étang coute plus cher que l’étang lui-même ! Nous sommes dans un monde de fou où la bureaucratie a supplanté le bon-sens.
En climatologie on part du principe que la végétation ne consomme pas d’eau mais provoque les pluies : sans évapotranspiration (donc sans végétation) l’air humide en provenance de la mer ne condense pas et il ne pleut pas, 70% des précipitations proviennent de l’évapotranspiration et seulement 30% de l’évaporation en mer (source INRAE) : autrement dit il ne pleut pas sur des sols secs ! En ayant stigmatisé la consommation d’eau de la végétation, notamment les cultures, sans comprendre que c’était la base du cycle, on a créé des déserts ! La bonne santé hydrique d’un bassin versant se juge à sa densité végétale au rythme des saisons dictées par les forêts de feuillus donc avec la plus forte densité végétale possible l’été, et si la situation climatique se dégrade de plus en plus en France c’est justement parce qu’on nous a convaincu du contraire ! Pas d’eau = pas de végétation = désert ! (voir notre communication à ce sujet)
Retenir l’eau douce quand elle tombe du ciel par toutes sortes de moyens est une règle de bon sens. Végétaliser et irriguer. Nous ne comprenons pas pourquoi elle est aujourd’hui décriée par des empêcheurs de tourner en rond !