Selon Jean-Marie Le Pen, l’occupation allemande n’a « pas été particulièrement inhumaine », et sur le massacre d’Oradour-sur-Glane, « il y aurait beaucoup à dire » !

Jean-Marie Le Pen a suscité à nouveau une vague d’indignation en déclarant que l’occupation allemande n’avait « pas été particulièrement inhumaine » en France pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le ministre de la Justice, Dominique Perben, a demandé au parquet de Paris d’ouvrir une enquête préliminaire sur les déclarations de Jean-Marie Le Pen. « Il devra s’en expliquer devant la justice », a dit le garde des Sceaux sur LCI.

Le parquet devra examiner la possibilité d’engager des poursuites contre le dirigeant d’extrême droite qui, au creux de la vague, aurait pu tenir délibérément des propos provocateurs pour faire parler de lui.

« Ce n’est pas seulement de l’Union européenne et du mondialisme que nous devons délivrer notre pays, c’est aussi des mensonges sur son histoire, mensonges protégés par des mesures d’exception », a déclaré le président du Front national dans l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol.

« En France du moins, l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés », a-t-il ajouté.

A l’appui de ses dires, Jean-Marie Le Pen cite l’histoire d’un lieutenant allemand qui voulait faire fusiller tout un village après la mort de ses soldats dans le déraillement d’un train et qui en a été empêché par la Gestapo de Lille.

« Si les Allemands avaient multiplié les exécutions massives dans tous les coins comme l’affirme la vulgate, il n’y aurait pas eu besoin de camps de concentration pour les déportés politiques », avance-t-il.

Evoquant le drame d’Ouradour-sur-Glane, le dirigeant du FN déclare qu’il « y aurait beaucoup à dire », laissant entendre que la vérité n’est pas forcément celle que l’on croit.

« REVISIONNISME »

Le 10 juin 1944 , des éléments de la division SS Das Reich pénétrèrent dans le village d’Oradour, près de Limoges. Ils fusillèrent les hommes. Les femmes et les enfants périrent dans l’église incendiée. Il y eut au total 642 victimes.

Vincent Reynouard, poursuivi pour la réalisation d’une cassette vidéo intitulée « la Tragédie d’Oradour-sur-Glane : 50 ans de mensonges officiels », a été condamné en juin dernier à 24 mois de prison, dont six fermes, par la cour d’appel de Limoges pour « apologie de crimes de guerre ».

Revenant sur les poursuites engagées contre lui-même ou le délégué général du FN Bruno Gollnisch, Jean-Marie Le Pen dénonce « l’injustice de la justice ». « Lorsque des magistrats, au mépris de ce qui est leur obligation morale et fonctionnelle, bafouent le principe d’équité et accordent le bénéfice de la bonne foi à des gens qui à l’évidence ne le sont pas (…), c’est proprement révoltant », dit-il.

Il cite le cas « des journalistes du Monde sur la torture qui aurait été pratiquée par le lieutenant Le Pen en Algérie comme le prouverait un poignard des Hitlerjugend à mon nom, méticuleusement conservé par un Algérien pendant quarante ans et que ce dernier a brandi à l’audience ». « Qui peut croire sérieusement à cette fable ? », demande-t-il.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, et Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, ont dénoncé le « révisionnisme » du président du FN.

La responsable communiste a approuvé la décision du garde des Sceaux d’engager des poursuites judiciaires car l’Etat « se doit de réagir face à de telles allégations ».

« Une fois de plus, Jean-Marie Le Pen laisse apparaître ce qu’il est vraiment: un nostalgique de la barbarie nazie et un adepte du révisionnisme », a déclaré le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy.

Interrogé sur les propos de Jean-Marie Le Pen, Richard Sereso, président de la Licra, a dénoncé des « propos minables, qui inspirent le mépris, le dégoût, mais qui ne sont pas surprenants ».

« Il n’y a pas de scoop, on sait à quoi s’en tenir sur le personnage. Sur Oradour-sur-Glane, ça s’appelle du révisionnisme, s’il a beaucoup à dire qu’il le dise, qu’il s’expose », a-t-il ajouté.

Pour Jean-Claude Peyronnet, président du Centre de la mémoire d’Ouradour-sur-Glane, Jean-Marie Le Pen continue à répéter « les mêmes mensonges qui ne sont pas scientifiques ». « Les études historiques sont solides », a-t-il dit.

Pour le Crif, ces déclarations « salissent la mémoire de toutes les victimes du nazisme, déportés et résistants, et de l’ensemble de la population française qui fut soumise pendant plus quatre années à la plus atroce des occupations et des humiliations ».

source PARIS (Reuters)

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