C’est une Chartreuse « Girondine » dont les 1ers éléments datent du XVI et XVIIème siècle, et la construction principale du XIXème, grosse maison profonde et carrée, flanquée de deux ailes, dont l’une sert de chai. A gauche de la maison on trouve un mur qui sépare la maison de maître de la cour des communs, il se termine par un petit pigeonnier rond, pourvu de quelques cases.
Jusqu’au début du XIXème siècle, le Château de Bellevue à Saint-Romain-de-Vignague est la propriété de la famille Lestelle.
De cette famille sont issus plusieurs Jurats de Sauveterre : Pierre Lestelle, plusieurs fois jurat entre 1659 et 1725, Bernard Lestelle (en 1748), Pierre Lestelle (Trésorier en 1748). Ce nom de famille s’éteint en 1820 avec le décès Jean-François, sans descendance, (1er échevin en 1770, Procureur Syndic en 1773, Maire en 1792).
Dans le testament de Jean-François Lestelle, on apprend qu’il est à ce moment là le « Maire de la commune de Saint-Romain », et le neveu de Bernard Lestelle et d’Urcin Bouïre.
Dans ce testament enregistré chez le 20 mai 1820 chez Maître Espinasse (La Réole) il donne « à son cousin germain » Antoine I Bouïre Beauvallon (-,1829), Directeur de la Régie Nationale de l’Enregistrement à Alby (Tarn) l’usufruit et la jouissance de tous ses biens meubles et immeubles, et à son fils Antoine II (-,1835), son neveu, fils de ce dernier, la nue propriété. Ce dernier épousera Marie-Jeanne Le Bar, originaire de Bretagne, qui a de la famille autour de Sauveterre (Delmas, Cornuaud, de Latour, Beauvallon, Destaigne). Ils auront 9 enfants.
Le 10 juin 1837 Marie-Jeanne Le Bar fait état, dans son testament des propriétés de la famille de Beauvallon : le moulin de l’Eau, une maison de ville rue Saubotte, la métairie de Monier, les vignes de Raffin, le pré dit « de la ville », la métairie de Bordesoule,…
Antoine II (-,1835) donnera Bellevue a son fils Antoine III de Bouïre de Beauvallon (-,1845), procureur du Roi à Bordeaux qui eut en main les intérêts des grandes familles de la Gironde. Nommé membre du Conseil Général de 1833 à 1836 et de 1838 à 1844 il y représentera le canton de Sauveterre.
A sa mort en 1845, il laissa Bellevue à son fils Léon de Beauvallon (1817 ,1865), avocat au barreau de Bordeaux puis juge suppléant (1946). En 1855, Léon quitte Bordeaux pour s’installer à Bellevue. Il est nommé Maire de Saint-Romain de Vignague et Juge de Paix à Sauveterre. En 1858 il perd sa 1ère épouse. En 1965 il se remarie avec Emilie Benassi. Mais quelques mois plus tard il s’éteint à l’âge de 48 ans, rue du Loup, à Bordeaux, dans la maison où il était né. De ces deux mariages ne naîtront aucun enfant. Si bien que l’on ne sait pas à qui Léon donna Bellevue.
Léon donna à l’église de Sauveterre les fonts baptismaux et le vitrail de « Saint Léon » qui lui font face.
Jean-François Lestelle, les 3 Antoines, et Léon de Beauvallon reposent avec leurs épouses dans le caveau familial de la famille de Beauvallon, place du foirail, à Sauveterre-de-Guyenne, sur l’ancienne commune de Saint-Romain.
A la fin du XIX°, Bellevue appartient à la famille Gaboriaud de Latour, propriétaire du Château Latour, à Saint-Martin du Puy (cf. annuaire des châteaux), puis à M et Mme Armand Perrier. Monsieur Jacques, Armand Perrier était Maire de Blasimon (1904-1922) et propriétaire du Château de Caban, à Blasimon. D’après des témoins oculaires (Madame Cleyrac à Mont St Fort et Madame Marguerite Canterane à St Romain), Monsieur Perrier faisait chaque jour la route entre Bellevue et Blasimon, en voiture à cheval.
Vers 1930, Monsieur et Madame Armand Perrier, sans descendance, donnent Bellevue à Suzanne Darc (1900-1972). Les parents de Suzanne travaillent sur la propriété. Suzanne épousera Monsieur Marceron.
Sous la responsabilité de Suzanne Marceron, Bellevue devient une Pension de Famille. De nombreuses personnes sont venues y séjourner. Suzanne Marceron était une personnalité locale. Conseillère Municipale de Saint Romain de Vignague, nombreux sont ceux à Sauveterre-de-Guyenne qui se souviennent d’elle. Yves Lumeau raconte que Suzanne se garait avec sa 2CV devant les couverts et klaxonnait pour qu’on lui apporte ses courses. Après sa mort (1972), ses enfants, André, Pierre et Marcelle, vendent Bellevue à Bruno et Marguerite de Ponton d’Amécourt, originaires d’Avoise, dans la Sarthe. Ils ont cinq enfants.
Bruno et Marguerite de Ponton d’Amécourt engagent alors une vaste restauration du domaine qui s’agrandira avec l’achat de Saint-Germain à Saint-Martin du Puy (propriété Bressy), de Vantouze et de Cluchard à Sauveterre-de-Guyenne (propriété Bertin).
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En 1998, leur second fils, Yves et son épouse Sophie Letourneux de La Perraudière s’installent à Bellevue avec leurs 4 enfants Anaïs, Antoine, Chloé, Gustave. La propriété compte alors 70 ha de vignes. En 1999, la famille s’agrandit avec la naissance de Bruno, à La Réole, et en 2001, de Paola, à La Flèche.
En 2002, Yves devient Secrétaire Général du Syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur aux cotés du Président Alain Vironneau. Il y a dans le bureau du Syndicat : Rémi Garuz, Président de la Cave de Sauveterre-de-Guyenne, futur Président de la caisse Régionale du Crédit Agricole, Bernard Farges, viticulteur à Mauriac, futur Président du CIVB et de EFOW. Il restera Secrétaire Général jusqu’en 2006. Pendant cette période il défendra avec ardeur les « Vignes Hautes et Larges », il luttera contre les « replis du négoce ».
En 2004, Yves d’Amécourt est élu Conseiller Général du Canton de Sauveterre-de-Guyenne. Il succède à Francis Naboulet. Il le restera jusqu’en 2015, date de la disparition du canton de Sauveterre, fusionné avec les cantons d’Auros, La Réole, Monségur, Pellegrue et Sainte-Foy-la-Grande.
Bellevue aura donc abrité le 1er Conseiller Général du canton de Sauveterre, Antoine de Beauvallon (1833-1836) et le dernier, Yves d’Amécourt (2004-2015).
En 2008, il devient Maire de Sauveterre-de-Guyenne et Président de la Communauté des Communes du Sauveterrois. En 2017, la Communauté des Comunes s’agrandit à 52 communes et devient la Communauté des Communes Rurales de l’Entre-Deux-Mers.
En 2015, il est élu Conseiller Régional de la Nouvelle-Aquitaine.
Elu local engagé dans la politique nationale, Yves d’Amécourt reçoit à Bellevue François Fillon (en 2006), futur 1er Ministre, Xavier Darcos (2010), candidat aux élections régionales en Aquitaine et alors, Ministre de l’Education Nationale, Alain Juppé, Maire de Bordeaux, ancien 1er Ministre (2011) à l’occasion de la préparation des élections cantonales, Valérie Pécresse (2012), ancienne Ministre de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, François Fillon (en 2016) candidat aux primaires de la droite et du centre, futur candidat aux élections Présidentielles.
En septembre 2009, François Fillon, alors 1er Ministre vient à Sauveterre-de-Guyenne pour inaugurer la Maison de Services Publics et annoncer une nouvelle vague de « Pôle d’Excellence Ruraux ».
En juillet 2017 Yves et Sophie reçoivent son Altesse le Prince Albert II de Monaco en visite en Aquitaine, lointain cousin de la famille.
Sources :
•Histoire de la famille de Beauvallon (polycopié)
•Testament de Jean-François Lestelle
•Annuaire des Châteaux
•Ferré
•Liste des Jurats de Sauveterre de Guyenne (archives municipales)
Dernière mouture, cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage…
Francis BAZZANI
1932-2024
C’est un personnage exceptionnel que nous accompagnons aujourd’hui pour sa dernière demeure.
Francis était un personnage d’exception qui aura marqué Sauveterre, tant sa personnalité aura été forte et reconnue, avec un parcours et un charisme hors du commun.
Francis est né dans une famille d’émigrés du sud de l’Italie, installée en France entre les deux guerres, de ces familles qui apportèrent beaucoup à la France par leur travail, leur énergie, leur sens de l’entreprise et leur réussite.
Dès l’école communale, Francis émergeait de ses camarades par son caractère turbulent et ses dons naturels de meneur.
Il excellera très vite dans le sport et notamment le football dans lequel il se distinguera toute sa vie, en tant que joueur, dirigeant ou supporter.
Après d’excellentes études, comme c’était la norme à cette époque, il intègre avec son frère Pierre l’entreprise de maçonnerie familiale, déjà prospère, dont la règle paternelle était avant tout le travail dans la rigueur (on ne parlait pas alors des 35 heures).
Mais très vite, c’est le football qui permettra à Francis de s’émanciper du quotidien, d’étaler toutes ses qualités de sportif, de joueur particulièrement doué et de meneur de jeu. Son ascendant sur le terrain était incontesté. Sa voix puissante, son enthousiasme, son engagement et sa rage de vaincre, associés à une stature imposante, faisait de Francis un joueur brillant et redouté de ses adversaires.
Mais tout en gardant intacte sa passion pour ce sport, Francis, marié et père de famille, s’émancipait de l’entreprise familiale et devenait un chef d’entreprise qui exerçait son activité au-delà de la région de Sauveterre, entreprenait des chantiers, dans les Landes d’abord, puis dans toute la France, grâce à des contrats passés avec l’Armée.
Une période de réussite et de prospérité qui n’empêchait pas Francis de rester proche de Sauveterre, de l’hôtel de la Croix Blanche, un établissement incontournable qui avait toujours été le siège du football et d’autres associations.
Avec sa voix de baryton, son charisme faisait merveille et dominait l’assistance, aussi nombreuse soit-elle : des fêtes mémorables, les soirs de victoire du club, ou en toutes autres occasions. Ses réparties étaient fulgurantes et de plus, il savait chanter, il aimait la fête, il savait faire la fête.
C’est durant ces années fastes que Francis marquera encore le football par sa générosité en faisant acte de mécénat : il n’hésitait pas à financer le club et fit installer à son compte les installations d’éclairage du stade. Et c’est tout naturellement que le nouveau stade de la plaine des sports portera le nom de Bazzani (sans son prénom, car Francis voulait y associer son père, dirigeant du football avant lui et duquel il gardait un souvenir affectueux).
Ainsi beaucoup d’anecdotes pourraient être rapportées sur Francis qui aura marqué Sauveterre par sa réussite et sa personnalité attachante.
Mais le temps des épreuves arriva bientôt : le décès accidentel de son fils Gérard, lequel travaillait dans l’entreprise et avait été lui aussi un brillant joueur de football, l’avait durement affecté, lui et son épouse. Francis, amoureux de la vie, surmontait cette épreuve, même si plus rien n’était comme avant. Sa famille et ses petits-enfants lui apportaient beaucoup de réconfort.
L’activité professionnelle de Francis connut souvent quelques difficultés, mais par son énergie et son sens des affaires, le succès était toujours au rendez-vous, jusqu’à une dénonciation calomnieuse qui mit à mal son entreprise, laquelle dû s’arrêter. Une dénonciation qui reposait sur des faits absolument mineurs, moi-même, ancien maire et ancien chef d’entreprise, je peux l’affirmer haut et fort, et sans la résonance médiatique, ces faits auraient dû rester sans conséquences. Un jugement rendu plus tard le confirmera sans contestation possible, mais le mal était fait.
Francis vécut difficilement ce coup du sort totalement injuste et dut prendre sa retraite (il en avait largement dépassé l’âge), entouré de sa famille et de beaucoup de ses amis, qui venaient le voir.
Sa passion pour le football était toujours intacte et, de par sa personnalité, il était devenu avec le temps un supporter proche du staff des Girondins, il ne manquait aucun match du championnat.
Mais la santé de Francis peu à peu se détériorait gravement et c’est dans l’établissement jouxtant sa maison d’habitation que Francis se retirait, Et dans cette vie monotone, il restait exubérant, il se prenait à chanter, quelquefois la nuit, et tout le monde l’écoutait.
La maladie lui rendant la vie insupportable, Francis décidait de ne plus s’alimenter,
Quelques jours plus tard, c’était la fin d’un personnage d’exception !
Michel MARTIN
Maire honoraire
Merci Michel pour ce bel hommage.