25 septembre : hommage aux harkis

A l’occasion de la journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives, une commémoration a eu lieu au monument aux morts de Sauveterre de Guyenne ce jeudi, organisée par la commune et la section Entre-Deux-Mers/Sauveterre de l’UNC. A cette occasion, le Général de CA (2S) Jacques GUICHARD, Grand Officier de la Légion d’Honneur, a remi la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à un ancien Combattant harki, Ahmed Arsi, et la médaille commémorative de l’Algérie à Jean-Claude Blachucinski. A l’issue de la cérémonie un verre de l’amitié était offert par la commune.

Mesdames et messieurs,

Je suis très fier et très honoré que la nouvelle section de l’UNC de l’Entre-Deux-Mers et son Président, Jean-Paul Favard, ait choisi Sauveterre-de-Guyenne pour organiser aujourd’hui cette cérémonie d’hommage à nos frères Harkis.

Cette date du 25 septembre, voulue par Jacques Chirac, nous permet de réaffirmer haut et fort, que les harkis sont des Français à part entière. En inscrivant cette date sur le calendrier de la République, la France a accompli un geste très fort et spécifique afin de témoigner aux harkis sa reconnaissance.

Musulmans d’Algérie, les harkis ont entendu l’appel de la République Française, et ils ont pris les armes, aux côtés ou au sein des troupes régulières.

Par fidélité, par loyauté, avec abnégation, ils ont accepté de mener sur leur sol un combat cruel et incertain.
Dans cette guerre masquée, ils se sont déclarés soldats. Ils sont devenus harkis, tirailleurs, spahis, moghaznis moraznis, assès.

Ils ont rejoint les groupes mobiles de sécurité, les groupes d’autodéfense, les sections administratives spécialisées.

L’histoire les a dressés contre d’autres hommes qui, la veille, étaient leurs frères.
Dans ce conflit, la République a considéré leur vaillance, leur courage, le dévouement que le sens de l’honneur leur inspirait.

Mais elle a fermé les yeux sur leur jeunesse, leur vulnérabilité, la précarité extrême de leur situation personnelle et familiale, le fardeau d’incertitude que le règlement de la guerre déposait sur leurs épaules et sur celles de leurs descendants.

Trop longtemps, la France a baissé les bras devant l’obligation contractée à l’égard des Harkis. Parce que le sacrifice de leurs biens, de leurs terres, de leurs droits et de leur sécurité, parfois de leurs vies, dépassait toute mesure, elle n’a pas su le reconnaître.

De son impuissance, elle a fait un abandon. Au moment où les harkis s’en remettaient à elle, elle les a conduits par les chemins de l’oubli vers les camps de transit de Lascours, de Rivesaltes, de Saint-Maurice-l’Ardoise, de La Rye, de Bias, de Bourg-Lastic, de Sainte-Livrade. Elle les a écartés dans une soixantaine de « hameaux forestiers », cantonnés dans les 42 « cités urbaines ». Elle a prolongé leur angoisse, leur détresse, leur déchirement.

Depuis 2001, la Journée nationale des Harkis interdit cette démission de la mémoire. Elle célèbre leur fidélité et leur bravoure. Elle aide à honorer cette communauté large, à faire connaître et comprendre la dette que la France lui conserve.

Pour que la France rende aux Harkis ce premier et légitime hommage, pour que la loi du 11 juin 1994 soit votée à l’unanimité au Parlement, il a fallu plus de 30 ans.

Aujourd’hui, nous devons poursuivre sur cette voie. Nous avons besoin d’une réconciliation sincère des mémoires, d’un apaisement véritable des esprits et des coeurs.

A cet instant, dans tous les départements français, les Harkis reçoivent un juste hommage, et celui-ci doit rejaillir sur leurs enfants et petits-enfants.

Ici à Sauveterre nous vibrons à l’unisson de cet hommage, et Monsieur Ahmed ARSI, vous qui venez de recevoir des mains du Général Guichard, la croix de chevalier de la légion d’honneur, permettez- moi de vous dire que vous êtes un sur-homme !

Dans votre langue maternelle au nom de la République Française, permettez moi de vous dire choukrane !

Vive la République, vive la France !

note : Pour rédiger ces quelques mots, je me suis largement inspiré du discours prononcé par François Fillon, Premier Ministre, aux Invalides, le 25 septembre 2007

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