Comment peut-on dire que l’Islam est compatible avec la République si on n’a pas lu le Coran ?

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Il y a quelques jours François Fillon a soupé avec la communauté des musulmans de Sablé-sur-Sarthe à l’occasion de la rupture du jeûne traditionnel. Cette cérémonie a lieu chaque soir, à la tombée du jour, pendant le ramadan…L’info est rapidement arrivée sur les réseaux sociaux. Certaines réactions étaient à l’image de leurs auteurs, caricaturales !

La gauche bien-pensante reprochant à François Fillon d’avoir un double discours sur l’Islam, car on ne peut pas avoir écrit « Vaincre le totalitarisme Islamique », livre « islamophobe » selon elle, et dîner avec des musulmans (sic !). La droite identitaire lui reprochant d’avoir un double discours sur l’Islam, car « on ne peut pas partager quoi que ce soit avec les musulmans » qui sont de fait « inféodés à l’islamisme radical » (re-sic !)

Finalement, le parallélisme des idéologies est assez saisissant ! Comme si les négationnistes de gauche, qui nient l’idée même d’identité, et les identitaires de droite, qui portent l’identité au pinacle étaient les deux faces d’une même pièce !

Dans ce contexte comment débattre de ce sujet tellement important « l’Islam et la République » dans une France que ce sujet met sous tension. Une tension difficile à diminuer sans rentrer dans le sujet, sur le fond, et sans débattre… C’était pourtant l’objet de la dernière convention organisée par FORCE REPUBLICAINE le 27 juin dernier.

L’enjeu est pourtant simple : nommer les choses, comprendre, analyser, agir, décider !

« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. » écrivait Albert Camus (Sur une philosophie de l’expression – Oeuvres complètes, Volume 1, page 908).

Dans le FIGARO du 13 octobre 2016 François Fillon explique : « Ayons le courage de nommer le mal qui nous attaque. Voilà des années que je le dis : l’ennemi, c’est le totalitarisme islamique. Le mot totalitaire n’est ni vain ni excessif. Il est juste. L’État islamique veut imposer un modèle de société, anéantir l’individu et le calvaire des chrétiens d’Orient démontre chez lui une volonté génocidaire. »

Puis il ajoute : « Il n’y a pas de problème religieux en France. Il y a un problème lié à l’islam. Pour régler aujourd’hui un problème qui ne concerne que la montée de l’intégrisme musulman, on est tenté de s’attaquer à la liberté religieuse. Depuis l’attentat de Nice, certains demandent l’interdiction de tous les signes religieux dans l’espace public. Là, je dis stop ! Je refuse une France où l’on ne pourrait plus porter une croix dans la rue, un t-shirt à l’effigie du Pape, une kippa, un turban ou un voile! »

On se souvient du débat lancé en 2009 sur « l’Identité Nationale » par le Président Nicolas Sarkozy sous les huées de la gauche.

Ce débat était pourtant utile. Le seul défaut de la démarche est d’avoir fait organiser ce débat par le Ministère de l’Immigration. Le débat aurait été tout autre s’il avait été organisé par le Ministère de la Culture.

Le 9 décembre 2009, sur Europe 1, Alain Juppé avait mis les pieds dans le plat : « J’ai manifesté un peu de scepticisme sur l’utilité de ce débat. Sauf si l’on pose la vraie question. Il ne faut pas se cacher la face. Elle est la suivante la vraie question : est-ce que la France, est-ce que la République française est islamo-compatible ou pas ? »

Cette question, à droite comme à gauche, à l’époque, personne n’avait osé la formuler telle quelle. Parlez d’Islam et vous étiez immédiatement taxés de vouloir chasser sur les terres du Front National ! Nicolas Sarkozy dans sa tribune parue dans Le Monde le 8 décembre 2009 avait donc usé de périphrases et les commentateurs avaient alors hurlé que « la ficelle était un peu grosse ».

J’avais assisté à l’un de ces débats organisé par la Sous-préfète de Langon, Michelle Cazanove. Tout s’était plutôt bien passé. Mais le sujet de l’Islam n’avait pas été abordé. On avait préféré parler de « Laïcité » …

« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. »

Dans cette interview sur Europe 1 , Alain Juppé, après avoir mis les pieds dans le plat, avait enchainé rapidement et répondu à la question qu’il venait de poser : « Evidemment oui (l’islam est compatible). Parce que toutes nos valeurs, précisément liberté, égalité, fraternité, laïcité, respect de l’autre, nous conduisent à dire que la société française comme elle l’a été dans le passé — parce que la France a été historiquement un grand pays d’immigration — doit être accueillante et respectueuse des différences. À une condition et le Président de la République l’explique très bien dans sa tribune : que devenir Français implique évidemment le respect d’un certain nombre de valeurs communes, et une certaine retenue bien évidemment. »

Ca, c’était expédié ! Circulez ! Il n’y a rien à voir ! La France doit être accueillante et respectueuses des différences…

Mais la « démonstration » d’Alain Juppé tombera quelques années plus tard, le mercredi 25 mars 2016, sur le plateau du GRAND JOURNAL (CANAL+). Ce jour là, il le répète : « Oui, l’islam est compatible avec la République ».
Dénonçant l' »obscurantisme », le « fanatisme » et une « interprétation littérale de cette religion du Coran », le maire de Bordeaux affirme : « Aujourd’hui, on est confronté à un problème majeur qui est considérable : est-ce qu’on fait oui ou non l’hypothèse que l’islam est compatible avec la République ? Moi je ne peux pas répondre ‘non’ à cette question. Je dis ‘oui’. Parce que si on répond ‘non’, ça veut dire qu’il y a 5 millions de Français qui doivent aller ailleurs. Ça n’a pas de sens. »

Alain Juppé cite un document de la Fondapol, l’association du politologue Dominique Reynié. « C’est un livre sur les femmes et le Coran. Ils expliquent- moi je ne l’ai pas lu le Coran, je ne sais pas s’ils disent vrai ou pas – et bien, ils expliquent que rien dans le texte du Coran ne justifie l’inégalité entre les hommes et les femmes. Voilà, c’est ça qu’il faut essayer », ajoute-t-il.

Michel Onfray, le philosophe, également invité du Grand Journal, tance alors l’ancien Premier Ministre :

Michel Onfray : Si vous permettez, je trouve grave que vous n’ayez pas lu le Coran.
Alain Juppé : Oui c’est vrai.
Michel Onfray : Très grave.
Alain Juppé : J’en ai lu des extraits mais c’est vrai.
Michel Onfray : Vous faites partie des gens qui pourraient être président de la République. C’est extrêmement important.
Alain Juppé : Il y a encore deux ans.
Michel Onfray : Je trouve qu’aujourd’hui, se permettre d’avoir des avis sur l’islam sans avoir lu le Coran, d’avoir des avis sur l’islam sans avoir lu les hadiths du Prophète, d’avoir des avis sur l’islam sans avoir lu une biographie du Prophète, c’est comme parler d’un film qu’on n’a pas vu…

Michel Onfray demande alors comment on peut dire que l’islam est compatible avec la République si on n’a pas lu le Coran !

Alain Juppé : « Je vais le lire intégralement. Je vais vous dire, j’ai essayé et je n’y suis pas arrivé, parce qu’en réalité, c’est illisible… »

Voilà le problème doublement posé !

-1- le sujet est bien celui de l’Islam et de la République

-2- il va être compliqué d’en débattre si les grands élus imaginent pouvoir en parler et convaincre, sans avoir lu les textes fondateurs de l’Islam !

Le concept de « l’identité heureuse » ne saurait suffire à soigner tous les mots, sauf à adopter la posture du Corrézien Henri Queuille, cher à François Hollande : « Il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne finisse par résoudre » !

Prenons un exemple :

Alain Juppé évoquait sur le plateau du grand journal le sujet des femmes. Et bien que dit le Coran sur les femmes ? Ce que dit le Coran est-il compatible avec la République ?

Le Coran et les enseignements de Mahommet rapportés dans les hadiths parlent beaucoup des femmes. Mahommet fait une claire distinction entre les hommes et les femmes. Malheureusement, nombre de ses propos sur les femmes ne sont pas flatteurs…

Il y a des paroles du prophète qui n’engage pas la République.

Ainsi, le prophète, après sa visite du paradis et de l’enfer (durant son voyage nocturne) rapporte : «Au paradis, j’ai vu que la majorité de ceux qui s’y trouvaient étaient des pauvres, et dans le feu de l’enfer, que la majorité de ceux qui s’y trouvaient était des femmes.» (L’authentique de Boukhâri, vol 8, livre 76, n°456, raconté par Imran bin Husain).

Ou encore, à l’époque de Mahommet les femmes avaient interdiction de passer à coté d’un homme qui priait. (L’authentique de Mouslim, livre 4, n°1032, raconté par Abu Dahrr).

D’après le prophète, si cela se produisait la prière de l’homme était annulée et il devait tout reprendre à zéro.
La seconde épouse de Mahommet, Aïcha, a rapporté cet enseignement : « La prière est annulée par un chien, un âne, une femme (…) vous avez fait de nous des chiens. » (L’authentique de Boukhâri, vol 1, livre 9, n°490, raconté par Aïcha).

Cette vision, ce statut des femmes dans le Coran est-elle conforme aux lois de la République, à la constitution ? Je ne le crois pas ! Est-elle compatible ? Certainement pas ! Chacun comprend bien qu’aujourd’hui, de tels textes posent questions ! Affirmer de but en blanc que l’Islam est compatible avec la République c’est faire l’impasse sur ces questions, et surtout, l’impasse sur les réponses !

Puisqu’Alain Juppé appuyait sa démonstration sur la place des femmes dans la société, poursuivons. Que dit le Coran sur l’égalité homme-femme, qui est inscrite dans la constitution ?

Par exemple, selon le Coran, il faut le témoignage de deux femmes pour égaler celui d’un homme : « Demandez le témoignage de deux hommes. Si vous ne trouvez pas deux hommes, choisissez un homme et deux femmes (sourate 2 :282). Le prophète dit : « le témoignage d’une femme n’équivaut pas à la moitié de celui d’un homme. C’est à cause de la faiblesse de l’esprit d’une femme. » (L’authentique de Boukhâri, vol 3, livre 48, n°826, raconté par Abu SaId Al-Khudri)

Ou encore, selon le Coran, les femmes ont le droit à une plus petite part d’héritage que les hommes : « Quant à vos enfants, Allah vous ordonne de donner à vos garçons une part égale à celle de deux filles » (sourate 4 :11).
Chacun comprend bien que parmi les musulmans aujourd’hui, parmi les islams d’aujourd’hui, il y a des positions différentes selon qu’on entend appliquer les textes à la lettre, ou que l’on estime que les textes qui datent de 800 ans après Jésus Christ, doivent être accommodé, arrangés, adaptés, à la vie d’aujourd’hui.

Ainsi les conservateurs d’aujourd’hui suivent toujours le Coran littéralement, et c’est ainsi que les femmes portent le voile. Les libéraux, quant à eux, préfèrent porter des vêtements modernes au lieu de la robe traditionnelle qui couvre tout le corps.

Que dit le Coran ?

Au début de l’Islam, lorsque Mahomet vivait à la Mecque avec une seule femme, il n’exigeait pas des musulmanes qu’elles portent le voile. Mais après son exil à Médine, un évènement particulier a provoqué une nouvelle révélation au sujet des femmes. A partir de ce moment là il a commencé à épouser d’autres femmes. Selon la coutume il organisait une fête à chaque fois. Lors de son mariage avec Zainab bint Jahsh plusieurs personnes se sont attardées chez lui après qu’il se soit retiré. Le lendemain un de ses disciples a fait cette suggestion : « O messager d’Allah ! De bonnes et de mauvaises personnes entrent chez vous. Je suggère donc que vous ordonniez aux mères des croyants (i.e à vos épouses) de porter un voile ». Allah a alors révélé les versets d’Al Hijab. (L’authentique de Boukhâri, vol 6, livre 60, n°313, raconté par Abu SaId Al-Khudri)

Le jour même, Mahomet a reçu une révélation de l’ange Gabriel disant que les femmes musulmanes devaient porter le voile. O prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées. Sourate 33 :59 (cf v.33 et sourate 24 :31, 58ss). Ainsi l’intention de Mahommet concernant le hijab était claire, et les femmes musulmanes de son époque ont couvert leur visage.

Ceux qui expliquent aujourd’hui qu’aucun texte, dans le Coran, ne demande aux femmes de porter le voile se trompent.

La seconde femme de Mahommet, Aïcha, a même raconté comment elles ont suivi cette révélation : « lorsque le verset de voiler leur poitrine et leurs atours a été révélé, (les femmes) ont coupé les bords de leur pagne et ont couvert leur visage avec les morceaux. » (L’authentique de Boukhâri, vol 6, livre 60, n°282, raconté par Safia bint ShaIba).

Voilà deux exemples précis : l’égalité homme femme, le port du voile, où le Coran et La République ne sont pas d’accord. Deux sujets où les l’avis de l’Islam et l’avis de la République ne sont pas compatibles. Deux sujets pour lequels les musulmans, les islams, ne sont pas d’accord entre eux, selon qu’ils suivent les textes au pied de la lettre ou qu’ils entendent s’en accommoder, les interpréter différemment.

La place de la femme dans la société, le voile, c’est un premier sujet. Mais il y a comme cela des dizaines de sujets qu’il convient de prendre les uns après les autres afin d’analyser leur compatibilité avec les lois de la République, avec la constitution.

Dire « les lois de la République sont toujours supérieures aux lois Coraniques » comme le disent certains Imam libéraux, c’est bien, mais cela doit être décliné en autant de sujet que soulève l’analyse précise des textes Coraniques et de ceux de la République.

Seuls les chefs des Islams peuvent effectuer ce travail.

Le sujet est posé !

Les musulmans sont-ils prêts à s’arranger avec les textes du Coran et à respecter ceux de la République sur les sujets où il y a des différences notoires ?
Un « concile » est-il possible pour modifier l’esprit du Coran, faute de pouvoir en modifier la lettre ?

Les sujets sont l’égalité homme-femme, l’adultère, la justice, l’esclavage, la guerre sainte, … Car Mahomet était un chef de guerre et le Coran est un livre politique. Ce qui fait dire à certains observateurs qu’ « Islam politique » est un pléonasme et que l’arrangement ne sera pas possible !

Pour ma part je ne crois pas que l’on combattra l’Islam Radical avec des avis radicaux et tranché sur ces questions.

Je ne crois pas non-plus, comme certains l’avancent, que le cheminement de l’Islam sera le même, aussi simple, que celui de l’Eglise Catholique. La différence est de taille. La plupart des textes fondateurs des religions chrétiennes, les évangiles, sont totalement compatibles avec les lois de la République, à commencer par la laïcité. Ainsi, lorsque l’Eglise est entrée dans le processus qui a amené à la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, elle a été aidée dans sa démarche par la lecture des textes des évangiles. Jésus n’était pas un homme politique, il n’envisageait pas de prendre le pouvoir ici-bas. Si l’Eglise avait pris le pouvoir ce n’était pas en suivant les « paroles d’évangiles ».

La laïcité n’est pas une valeur enseignée dans le Coran ! Le chemin de la confrontation sera donc long et difficile. Il peut aboutir, comme ne pas aboutir.

C’est un travail colossal qu’il convient de faire. Il y a un demi-million de Hadiths et ces hadiths ne suivent pas l’ordre chronologique de la vie du prophète.

Mais sans ce travail on n’abordera jamais dans le fond le sujet de « l’Islam et de la République ». On restera dans des grands principes sans contact avec la réalité.

Une fois que ce travail sera fait, alors on pourra se poser les questions suivantes :

  • Existe-t-il un Islam modéré qui soit compatible avec le fonctionnement de la République ? Quelle est son organisation ?
  • Est-il possible de poser une frontière entre un Islam religieux et un Islam politique ? Est-il possible d’autoriser l’un et de combattre l’autre au nom du bien commun ?
  • Comment garantir la liberté religieuse aux musulmans en France, tout en se protégeant de l’Islam radical, de l’Islam politique ?
  • Existe-t-il un chemin pour finalement permettre à un Islam de s’inscrire dans le fonctionnement de la République ?

En attendant, il convient d’être vigilent et d’établir la confiance : interdire la lecture des versets du Coran, des Hadiths, qui viennent contredire les lois de la République ! Il faut imposer que les prêches soient prononcés en Français et que les Mosquées soient ouvertes à tous, comme le sont nos églises.

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