Ecologie

Barrages, marais et sécheresses : n’est pas « castor » qui peut, n’est pas « enfant du marais » qui veut

Barrage construit par des castors

On nous raconte une fable moderne : tout ce que la nature façonne serait bon par essence, tout ce que l’homme bâtit serait mauvais par principe. Ainsi des barrages : les castors les dressent et l’on applaudit ; l’homme les construit et l’on soupire, voire même, on les démolit. Cette facilité morale n’est pas à la hauteur des temps. À l’ère des sécheresses et des feux de forêt, cessons de jouer aux animaux — nous n’avons pas à nous faire passer pour des castors quand nous retenons l’eau, ni pour des loups quand nous régulons des populations. Il nous revient d’être des hommes libres et responsables, c’est-à-dire capables de distinguer, libres de discerner et responsables … Lire la suite

Incendies : laisser travailler ceux qui savent

On a tous en tête l’odeur rousse de l’été, la peau piquée par le vent chaud, le ciel qui se voile de fumée comme un mauvais présage. Dans l’Aude, l’été 2025 a éprouvé les terres et les hommes : des milliers d’hectares avalés en quelques heures, des villages cernés, des vignerons sonnés devant des ceps noircis. Et, partout, la même remarque, dite d’une voix fatiguée : la vigne, naguère, servait de coupe-feu ; à force d’arrachages, le feu a trouvé ses autoroutes¹. On aurait pu l’entendre plus tôt : la géographie rurale n’est pas un décor, c’est une ingénierie lente, patiente, faite de haies, de pistes, de pâturages, de vignes et de bois mûrement conduits.

Le feu, lui, n’est pas … Lire la suite

OGM : il est temps de redonner à la science la place qui lui revient dans le débat public.

On croyait le sujet épuisé. Et pourtant, une nouvelle publication scientifique rouvre le débat avec rigueur. Une équipe de chercheurs chinois, sans lien apparent avec les multinationales de l’agrochimie ni avec une quelconque organisation militante, vient de publier dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry une étude concluant à l’innocuité d’un maïs génétiquement modifié sur plusieurs générations d’animaux de laboratoire. L’étude a été financée par des institutions publiques, notamment l’Académie des sciences médicales de Chine et la province du Yunnan.

L’information est majeure : car l’étude n’est pas orientée par l’industrie, et elle ne s’inscrit pas dans une démarche militante. Elle repose sur une méthodologie classique, reproductible, validée par les pairs dans une revue scientifique prestigieuse publiée par l’American … Lire la suite

Un DPE « climaticide » !

Le Diagnostic de performance énergétique (DPE), obligatoire depuis 2006, a changé de nature en 2021 : il est devenu opposable, autrement dit, il engage la responsabilité du vendeur ou du bailleur. Cette évolution aurait pu être salutaire si le DPE reflétait fidèlement les performances énergétiques et climatiques des logements. Mais il fait exactement le contraire.

Par un mécanisme opaque et abscons, le DPE pénalise lourdement l’électricité — y compris lorsqu’elle est d’origine nucléaire, hydraulique ou solaire — et valorise à l’inverse les systèmes de chauffage au gaz naturel ou au fioul, pourtant bien plus émetteurs de gaz à effet de serre. Un comble, à l’heure où la France prétend réduire de moitié ses émissions d’ici 2030.

Le cœur du problème … Lire la suite

Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes

« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » — Bossuet

Il faut voir les tribunes indignées, les tweets rageurs, les pétitions enflammées. Plus d’1 million de signataire de la pétition contre la loi Duplomb ! À l’occasion du débat parlementaire, certains élus de la gauche radicale ont retrouvé leurs réflexes : protester, condamner sans vergogne, bloquer, et mentir outrageusement devant la représentation nationale ! L’objet de leur courroux ? La réintroduction, strictement encadrée, d’un insecticide : l’acétamipride[1].

Cette molécule, autorisée au niveau européen, est aujourd’hui utilisée dans une vingtaine de pays pour lutter contre des ravageurs spécifiques, notamment dans les cultures de la betterave, les vergers de pommiers ou de noisetiers. En France, elle … Lire la suite

Le béton qui se régénère : une leçon de modestie venue du nucléaire

Il y a parfois des nouvelles scientifiques qui bouleversent nos certitudes sans faire grand bruit. Une de celles-là vient d’être révélée dans un article étonnant publié par Le Gaz : certains bétons utilisés dans les centrales nucléaires… se régénèrent spontanément sous l’effet des radiations¹.

Oui, vous avez bien lu. Alors que l’on croyait que l’exposition prolongée aux neutrons dégradait irrémédiablement les structures en béton, une équipe de chercheurs japonais a démontré que le quartz, l’un des constituants de ces bétons, réorganise sa structure cristalline après déformation, réparant ainsi une partie des microfissures causées par le rayonnement².

Une découverte inattendue, presque poétique : au cœur d’un environnement que l’on dit hostile, un matériau inerte retrouve seul sa cohésion. Le béton, symbole … Lire la suite

Chauffage électrique : il est temps d’en finir avec le malus absurde de l’énergie primaire

Le Premier ministre François Bayrou a annoncé sa volonté de ramener le coefficient d’énergie primaire de l’électricité de 2,3 à 1,9 à compter de janvier 2026. Objectif : faire revenir sur le marché locatif quelque 850 000 logements aujourd’hui exclus à cause d’un mauvais classement au DPE [1]. C’est un premier pas. Mais pourquoi marchander ce chiffre comme on négocierait une cote d’argus ? Il est temps de supprimer purement et simplement ce coefficient obsolète.


Une convention dépassée, héritée d’un autre temps

Ce fameux coefficient d’énergie primaire (Ep/Ef), appliqué à l’électricité dans le calcul des DPE, vise à prendre en compte l’énergie nécessaire à sa production, son transport et sa distribution. Jusqu’en 2021, il était fixé à 3,0. Depuis, … Lire la suite

Acétamipride : un retour maîtrisé, pas un recul écologique

Le Parlement a voté la réintroduction encadrée de l’acétamipride pour certaines cultures sensibles, notamment la noisette, dans le cadre de la loi DUPLOMB. Cette décision, souvent caricaturée comme un « retour des pesticides tueurs d’abeilles », mérite d’être éclairée avec rigueur. Il ne s’agit pas de nier les dangers inhérents à cette molécule, mais de rappeler un principe essentiel en toxicologie : le danger n’est pas le risque1.

L’acétamipride est effectivement un insecticide néonicotinoïde2. Il partage certaines propriétés avec des substances aujourd’hui interdites (imidaclopride, clothianidine), mais il présente une toxicité bien plus faible pour les abeilles3. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’il reste autorisé au niveau européen jusqu’en 20334, et que l’ANSES, … Lire la suite

Pour agir sur le climat, il y a mieux que les verts : il y a la chlorophyle !

On nous dit que le changement climatique est irréversible, que le CO₂ s’accumule depuis deux siècles et qu’il en faudra dix pour l’en faire partir. Les uns nous promette des solutions technologiques lointaines, complexes, hors de portée. Les autres nous propose la décroissance, la dénatalité et la précarité. Ils nous proposent de réensauvager la nature, d’en faire disparaître l’homme ! Les uns nous expliquent qu’il faut agir. Les autres nous disent que c’est trop tard. Les sociétés doutent. Le doute profite aux manigances et aux profiteurs. Se degage de tout cela un sentiment d’impuissance. Il est entretenu par ceux qui en tirent des bénéfices : financiers, politiques, philosophiques …

Et si, au lieu de nous résigner à l’impuissance, nous engagions … Lire la suite

Éolien, solaire : pour une politique énergétique fondée sur la réalité, pas sur le mimétisme

La transition énergétique est une nécessité. Mais cela n’autorise pas à faire n’importe quoi, n’importe où, au nom d’une bonne cause. En matière d’énergies renouvelables intermittentes, il est urgent de rappeler quelques fondamentaux : la différence entre puissance installée et production réelle, l’adéquation entre production et besoins, les coûts cachés de l’intermittence, et surtout, la finalité climatique qui devrait guider chaque choix selon les contextes nationaux. La France, dont l’électricité est déjà largement décarbonée, doit sortir du mimétisme pour retrouver le sens des réalités.

I. Une éolienne n’est pas un barrage, un panneau solaire n’est pas une centrale nucléaire, la puissance installée n’est pas la puissance délivrée

On parle beaucoup de « puissance installée » lorsqu’il s’agit d’énergies renouvelables. Mais … Lire la suite

« Il est urgent de redonner aux viticulteurs la liberté d’innover », estime Yves d’Amécourt

Yves d’Amécourt, viticulteur en Gironde et ancien secrétaire général du syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur, est référent ruralité, agriculture, forêt, pêche du parti Nouvelle Énergie fondé par David Lisnard. En exclusivité pour Agriculture & Environnement, il revient sur les causes de la crise que traverse la viticulture et propose quelques pistes pour en sortir.

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Chasse et biodiversité : quand l’idéologie se pare des habits de la science

Ce mercredi, au Sénat, la ministre de la Transition écologique a tenté de défendre l’indéfendable. Interpellée par le sénateur Pierre Cuypers (photo) sur son projet d’arrêté limitant la chasse de plusieurs espèces dites « en déclin », Agnès Pannier-Runacher a multiplié approximations, contradictions et pirouettes rhétoriques. Le tout, en invoquant comme bouclier cette Europe dont le gouvernement se réclame quand cela l’arrange — mais qu’il oublie volontiers lorsqu’il s’agit de défendre la filière nucléaire, la pêche ou l’agriculture.

Une ministre en roue libre sur les espèces

La « polombe » évoquée par la ministre restera dans les annales. Après le fuligule « malouin », voici donc la chasse à la « polombe » ! L’approximation n’est pas qu’une anecdote : … Lire la suite

Agriculture biologique : quand la micro-écologie contredit la macro-écologie

L’agriculture biologique jouit d’une image flatteuse dans l’opinion : elle serait « bonne pour le climat », « respectueuse de la biodiversité », « économe en ressources et en énergie ». On vante ses circuits courts, ses sols vivants, ses paysages variés. Mais qu’en disent réellement les sciences du climat et de la biodiversité ?

En s’en tenant non aux résumés politiques du GIEC et de l’IPBES, mais aux rapports scientifiques eux-mêmes, force est de constater que la réponse est bien plus nuancée que les slogans des écologistes.


Ce que dit le GIEC : moins de rendement, plus de terres, pas moins d’émissions

Dans le sixième rapport d’évaluation du GIEC (groupe III, volet scientifique), l’agriculture biologique apparaît comme une solution … Lire la suite

Faire des déchets une ressource : la réponse responsable au défi environnemental

Pointe-Noire au Congo-Brazzaville photo Yves d’Amécourt

À l’occasion du sommet sur les océans de Nice, la question des plastiques marins a ressurgi avec force. C’est légitime. Mais c’est souvent mal posé. À chaque fois, le même réflexe : interdire, bannir, culpabiliser. Interdire les emballages, bannir le plastique, dénoncer le consommateur. Cette approche simpliste fait l’économie d’une réalité complexe : ce ne sont pas nos pailles en carton ou nos barquettes en plastique recyclé qui asphyxient les océans. Ce sont, pour l’essentiel, des déchets non collectés, non traités, déversés par les grands fleuves d’Asie et d’Afrique¹. Le vrai problème est là. Et la solution ne réside pas dans une politique de décroissance punitive, mais dans le développement massif de filières de … Lire la suite

Bertrand Alliot : l’homme qui ose briser les idoles vertes

Un hommage à l’auteur de « Comprendre l’incroyable écologie »

Une écologie devenue idolâtrie

Avec Bertrand Alliot, nous avons compris assez tôt que l’écologie, telle qu’elle est déclamée aujourd’hui, n’est ni une science, ni une politique, ni même une véritable religion. Elle s’apparente plutôt à une idolâtrie : une vénération aveugle d’une Nature idéalisée, un rejet viscéral de l’homme, une sanctification de la planète où le réel n’a plus sa place.

Ceux qui tombent dans ses rets ne sont pas les plus humbles ni les plus proches de la terre. Ils sont souvent urbains, ou néo-ruraux récemment convertis, déconnectés du vivant autant que fascinés par lui. Leur méconnaissance de la nature est flagrante : ils ignorent ses excès, ses cycles, … Lire la suite

Tout est faux, ou presque, dans le discours d’Agnès Pannier-Runacher

Il est des moments où le bon sens réclame qu’on lève le voile. Où la réalité, trop longtemps pliée aux discours, finit par resurgir, brutale, incontestable. Le discours d’Agnès Pannier-Runacher, incarnation d’une écologie d’apparat, concentre à lui seul ces contradictions qui sapent la confiance des Français, et affaiblissent l’État. Il faut le dire avec calme, mais avec fermeté : tout est faux, ou presque, dans cette rhétorique officielle.

Prenons la question de la santé publique, souvent invoquée pour justifier l’interdiction des véhicules anciens dans les centres-villes. Ainsi le projet des Zones à Faibles Émissions (ZFE) [1] proposait (aujourd’hui abandonné) de chasser les conducteurs modestes au nom des particules fines. Mais dans le même temps, dans les funestes DPE, on décourage … Lire la suite

Pour une politique énergétique de souveraineté et de bon sens

À l’heure des incertitudes géopolitiques, de la flambée des prix de l’énergie et du défi climatique, la question énergétique n’est plus simplement technique ou environnementale : elle est devenue un enjeu vital de souveraineté, de compétitivité et de stabilité nationale. La France doit sortir des logiques idéologiques pour renouer avec une stratégie fondée sur l’efficacité, l’indépendance et la cohérence.

C’est dans ce contexte qu’une proposition de loi récemment débattue vise à fixer une trajectoire énergétique de long terme. Parmi ses orientations, la relance de la filière nucléaire française mérite d’être saluée, encouragée et amplifiée.

Le nucléaire : pilier décarboné, pilotable et stratégique

Depuis les années 1970, la France s’est dotée d’un parc nucléaire unique en Europe, qui lui a permis … Lire la suite

Ports, logistique et souveraineté : la mer, levier oublié de la transition écologique

La France aime se penser comme une grande puissance maritime. Son territoire s’étend sur tous les océans, elle dispose de la deuxième zone économique exclusive (ZEE) au monde [1] et d’une biodiversité marine exceptionnelle. Pourtant, dans les faits, notre pays tourne le dos à la mer. Et avec elle, à l’un des leviers les plus puissants pour allier développement économique et réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Aujourd’hui, plus de deux tiers des conteneurs à destination de la France transitent par les ports d’Europe du Nord : Anvers, Rotterdam, Hambourg [2]. De là, ils sont transportés par camion sur des centaines de kilomètres jusqu’au territoire français. Cette situation, dénoncée depuis des années, constitue une aberration logistique et … Lire la suite

Santé publique : la grande incohérence des politiques phytosanitaires

TRIBUNE. Alors que l’on exige toujours plus de rigueur et que l’on impose toujours plus de contraintes aux professionnels de l’agriculture, de la viticulture, de l’élevage ou des espaces verts, comme en témoigne le débat actuel à l’Assemblée nationale, certaines substances interdites dans les exploitations continuent de circuler librement dans les produits destinés aux particuliers. Cette incohérence réglementaire interroge : pourquoi interdire à ceux qui savent et laisser faire ceux qui ignorent ? Il est temps de rétablir le bon sens et de remettre la compétence au cœur des politiques de santé publique.

Par Yves d’Amécourt, Thomas Danrée, Angélique Delahaye, Emmanuel Ferrand, Théo Legrand, Thierry Moisy, Arthur Portier

Publié le 1 juin 2025 à 11h00 sur le site VALEURS ACTUELLESLire la suite

Il n’y a pas d’écologie sans connaissance

« Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé », disait Albert Einstein. En matière d’écologie, cette phrase prend aujourd’hui un sens tragique. Car notre époque, qui prétend faire de l’environnement une priorité, semble avoir évacué la science du débat écologique, au profit du soupçon, du slogan, et de l’émotion.

Le résultat ? Une écologie devenue dogme, une parole scientifique censurée ou caricaturée, des politiques publiques absurdes, qui stigmatisent ceux qui nourrissent et entretiennent la terre, tout en exonérant ceux qui en parlent sans jamais s’y confronter.

Le savoir rejeté, la science disqualifiée

Les biotechnologies, les solutions de génétique de précision, les innovations agronomiques : toutes sont jetées en bloc dans l’opprobre, indépendamment des évaluations rigoureuses menées … Lire la suite

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